Mise à jour le 26 septembre
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Samedi 09 novembre 2024 06:02 (Paris)

Les Tramways de PORT-AU-PRINCE, Haïti

TramwayNous étions une nation, nous avons fait l’histoire, nous avons connus nos moments de gloire ; Haiti renaîtra de ces cendres..... La République d’Haïti occupe la partie occidentale d’Hispaniola, l’île caraïbe que visita Christophe Colomb en 1492 et qui était sous le contrôle de la France après 1664.

Les esclaves noirs déclarèrent l’indépendance en 1804 et établirent une république en 1820 – la deuxième de l’Amérique. La capitale vécut deux époques de chemin de fer urbain : un réseau hippomobile entre 1878 et 1888, et un second qui débuta avec des locomotives à vapeur en 1897 et termina avec la combustion interne en 1932.

par Allen Morrison

La première concession pour la construction d’un tramway fut accordée en 1876 à un groupe de financiers de New York, qui fondèrent la Compagnie des Chemins de Fer de Port-au-Prince. La CCFPP commanda six voitures ouvertes à la J. G. Brill Company de Philadelphia en octobre 1877 et inaugura un service de tramway le 17 janvier 1878.
La première ligne, que liait la Croix des Bossales au Champ de Mars, fut probablement le premier chemin de fer du pays.

Le dessin ci-dessous montre le tramway dans la Rue des Miracles près de la Baie de Port-au-Prince. C’est l’unique illustration qu’on ait trouvée d’un tram chevalin en Haïti [col. AM] : tranmway en haiti

Grand-Rue. Malheureusement la construction des voies était mal faite, les déraillements étaient fréquents, l’entretient des véhicules n’existait pas y il y eut une compétition d’omnibus à partir de 1880. La CCFPP fit faillite en 1886 et le dernier tram du premier tramway de Port-au-Prince roula en avril 1888. Le deuxième système faisait partie d’un projet plus ambitieux et complexe, avec la participation haïtienne, américaine, française, belge et allemande. En 1896 le Comité des Négociants d’Haïti commença le renouvellement de l’ancien réseau de tramway urbain et la construction de deux nouvelles lignes rurales – le tout à être propulsé par des locomotives à vapeur.

La nouvelle Société des Tramways de Port-au-Prince commanda une locomotive de huit tonnes à la H. K. Un nouveau modèle de tramway Porter Co. de Pittsburgh, USA, cinq locomotives de 12 tonnes à la Lokomotivfabrik Krauss à München, Allemagne, et trois locomotives (de puissance inconnue) aux Ateliers de Tubize près de Bruxelles, Belgique. Elle commanda aussi une dizaine de voitures ouvertes à la Jackson & Sharp Co. de Wilmington, USA – toutes à huit bancs, plus grandes que les Brill de 1878, qui avaient disparu. Voici une illustration de publicité [Street Railway Journal, New York, 1/1898, p. 147].

La photographie suivante montre une voiture Jackson & Sharp et la locomotive Porter à Port-au-Prince le 27 septembre 1896. Celle-ci fut baptisée "Président Sam" en honneur du président haïtien Tirésias Simon Sam – mais à noter à gauche le drapeau U.S.A. [Street Railway Review, Chicago, 15/3/1897, p. 178] : Une station de tramway à Port au Prince

La suite

Le 18 avril 1897 la Société des Tramways de Port-au-Prince inaugura la première ligne de son tramway à vapeur, du Portail St-Joseph à travers les rues du Quai et des Miracles jusqu’au dépôt au Champ de Mars, et ensuite à la Rue des Casernes [voir plan]. La deuxième ligne dans la Grand-Rue, du Portail St-Joseph au Cimetière, fut mise en service une semaine plus tard. Dans cette vue de carte postale les voitures sont remorquées par une locomotive Krauss [col. AM] :

ans les six premiers mois de fonctionnement le tramway transporta 250,000 passagers. L’écartement de la voie était de 762 mm (30 pouces impériaux). Voici un train dans la Grand-Rue [carte postale, col. AM] :

La Compagnie des Chemins de Fer de la Plaine du Cul-de-Sac opérait les nouvelles lignes rurales, de Port-au-Prince à Léogâne, sur la baie à 36 km à l’ouest, et de la capitale à Manneville, à 43 km à l’est. L’écartement de ses voies, comme des lignes de la STPP, était de 762 mm et les deux compagnies partageaient leur matériel roulant. En 1901 la CCFPCS acheta la STPP. Voici un train mixte, avec une locomotive Krauss, sur la Rue du Quai [cp, col. AM] :

Pour ses lignes rurales la CCFPCS importa des locomotives à 25 tonnes et de grands wagons de passagers à quatre essieux. Les trains interurbains partageaient la rue avec les urbains [cp, col. AM] :

Il est impossible de savoir si le train suivant faisait le service urbain ou rural, mais il est évident que la locomotive se mariait mal avec les petites voitures. La vue de la Grand-Rue est vers le sud [cp, col. AM] :

Les visites fréquentes de la marine américaine produisirent une quantité de souvenirs photographiques du transport haïtien [cp, col. AM] :

En 1905 la nouvelle Compagnie Nationale ou National Railroad inaugura un chemin de fer entre Port-au-Prince et Saint-Marc, à 100 km au nord.
L’écartement de ses voies était de 1067 mm (42 pouces), plus large que celui de la CCFPCS.
Entre 1912 et 1918 celle-ci proposait plusieurs fois l’électrification du système, au moins de ses lignes urbaines, mais le projet ne démarra jamais. Avec l’occupation américaine d’Haïti en 1915 la Haitian American Sugar Corporation ("Hasco") acquit la CCFPCS et la renomma le Chemin de Fer Central ou Central Railroad. Hasco tenta des améliorations, e.g., le recouvrement des locomotives [cp, col. AM] :

La carte postale suivante montre une locomotive recouvrée avec deux remorques [col. AM] :

Ce train suit la Rue des Casernes [cp, col. AM] :

Mais les voitures et les rails vieillissaient et il y avait une nouvelle compétition d’autobus. Entre 1912 et 1922 les revenus du Chemin de Fer Central (ex-CCFPCS) diminuèrent de 64%, de $94,000 à $34,000. Cette vue de la Rue du Quai des années 1910 montre un train plein de passagers [cp, col. AM] :

Mais la même vue dix dans plus tard montre un petit tram presque vide – et des automobiles, absentes de toutes les illustrations précédentes [cp, col. AM] :

Un magazine américain explica le nouveau modèle [Popular Mechanics, Chicago, 5/1922] :

Dans les années 20 il y avait aussi une voiture à huit roues avec une porte centrale. Son origine est inconnue [cp, col. AM] :

Afin qu’on ne pense pas que tout en Port-au-Prince soit désordre et pobresse, voici le quartier du Champ de Mars en 1930 [voir plan]. Le drapeau américain marque l’Ambassade USA. Le tram se dirige vers le dépôt des tramways, un grand édifice qui fut remplacé plus tard par le Palais de l’Exposition. L’endroit est occupé aujourd’hui par le Musée d’Art Haïtien [cp, col. AM] :

Le tramway courageux de Port-au-Prince disparut complètement en 1932. Son matériel roulant fut probablement transféré à des plantations de café ou de sucre, où il roule peut-être encore . . . Les cartes topographiques des années 50 suggèrent une fusion des lignes rurales de l’ancienne CCFPCS avec le réseau de la Compagnie Nationale des Chemins de Fer d’Haïti.

Les Tramways de PORT-AU-PRINCE, Haïti

BIBLIOGRAPHIE • "A Street Railway in Hayti" en Street Railway Review (Chicago), 15/3/1897, pp. 178-179. Description et deux illustrations du projet à Port-au-Prince.
• L.[?] Gentil Tippenhauer. Plan de la Ville de Port-au-Prince. Port-au-Prince, 1904. Grand plan à l’échelle de 1:6,000. Détail extraordinaire du système de tramway.
• Haïti. Direction générale des travaux publics. Documents relatifs au service des tramways de la capitale et du Chemin de Fer de la Plaine du Cul-de-Sac. Port-au-Prince, 1906. Compte rendu de textes de 1897, 1898 et 1904. Des descriptions détaillées du matériel roulant.
• "Haiti : General Features of the Republic" en Trade Promotion Series #5, pp. 283-284, du U.S. Bureau of Foreign & Domestic Commerce. Washington, 1925. Bonne description des chemins de fer d’Haïti .
• Haïti. Direction Générale des Travaux Publics. "Port-au-Prince", 1930. Plan de la ville qui indique les routes du tramway. [Copie fournie par Stanley F. X. Worris]
• Robert Debs Heinl. Written in blood : the story of the Haitian people, 1492-1971. Boston, 1978. Une des rares histoires d’Haïti qui parle des tramways, p. 337.
• Georges Corvington. Port-au-Prince au cours des ans. Port-au-Prince, 1972-1993. Grande oeuvre illustrée de six volumes avec des passages extraordinaires sur les tramways : v. 3, pp. 231-2, 283-5 ; v. 4, pp. 20-1, 71-4, 127-8, 184-5 ; v. 5, pp. 169-61 ; v. 6, pp. 164-5.
• Dr. Georges Michel. Les chemins de fer de l’Ile d’Haïti. Port-au-Prince, 1989. Description détaillée de toutes les lignes du pays.
• En plus, l’auteur veut exprimer ses remerciements sincères au Prof. Harold E. Cox de Wilkes University pour ses renseignements sur la fabrication des premiers trams haïtiens par la compagnie J. G. Brill.




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