Mise à jour le Février 2022
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Vendredi 29 mars 2024 10:01 (Paris)

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Une seconde couche dissimulée sous le roman de l’auteur Wilfreid N’Sonde : Le cœur des enfants Léopard

Plusieurs plumitifs rassemblés autour de Mireille Métellus faisant office de lecture d’un chapitre de l’œuvre de Wilfreid N’Sonde, semblaient se laisser emporter par le flot de mots dédiés à Mireille. Heureuse coïncidence, le protagoniste se nomme Mireille également.

Personnellement, j’étais déjà victime de l’effet secondaire de cette poésie qui tourne le dos à certaines chimères. J’avais pris contact avec une poésie de révérence à l’égard de la femme. Ce fluide contemplatif infiltrant toutes sorte de préjugés favorables, arborait précisément la coexistence de l’homme avec le sexe opposé.

Capter tant de choses en un si court laps de temps m’a surpris moi-même. Craignant d’avoir fait fausse route, j’ai approché l’auteur pour savoir si je ne m’étais pas trompée sur l’orientation idéologique de l’œuvre.

Par Marie Flore Domond
Photos de Jean Salomon André
www.wilfreidnsonde.com

Figurez-vous que quelque chose de fondamental aurait pu m’échapper. Eh bien non ! En plein dans le mille, mes idées ne s’étaient pas conçues d’arrière-pensées. Patience ! Vous ne tarderez pas à savoir pourquoi. A la fin de la prestation de présentatrice, j’ai pris mon courage à deux mains en avançant vers l’auteur.

Salon international du livre à Québec, édition 2008 - Mireille Metellus lisant un chapitre de l’ouvrage de Wilfreid N’Sonde

Je lui ai tendu la main en disant : félicitation monsieur N’Sonde pour votre roman ! Puis-je vous poser question à ce sujet ? – Allez-y m’a-t-il répondu en me prêtant soudain une attention toute particulière. L’expression de ses yeux m’a fait incliné les miens et j’ai poursuivi : A ce que j’ai pu entendre, Mireille, votre personnage est affectivement choyée. Et pour faire l’objet de tant d’éloges, l’auteur a sans doute vécu dans un environnement matriarcal. A mon avis, c’est une sorte de redistribution de sa propre vie affective qui est calquée dans le roman. N’est-ce pas ? – Il a ajouté aussitôt : « Vous avez tout compris. Justement, j’ai voulu donner à la femme toute sa place. Sans la femme le monde est à la dérive. Le monde va mourir. » - Monsieur N’Sonde, cette déclaration est-elle définitive ? – Absolument. – Avez-vous déjà vu une armée de femmes aller tuer les gens ? A cette question je suis restée bouche bée. J’ai eu droit à un scoop en guise de mot de la fin. L’écrivain a ajouté : « Dans mon prochain roman, il sera question d’une femme délaissée par le monde mais qui va sauver le monde. »

Dès cet instant, j’ai réalisé que cette conversation devait avoir une suite. Car une belle rencontre imprévue d’un roman perché en catimini sur l’enclot de la poésie, cela n’a pas de prix.

Le poète- musicien- romancier Wilfreid N’Sonde et la spectatrice Marie Flore Domond

Q. Quelle place donnez –vous à la musique quand vous écrivez ? Ou peut-être que c’est la musique qui vous impose sa place … Si oui, quel rôle joue t-elle comme élément de compagnie de vos inspirations littéraires ?

Les premières critiques sur mon livre ont affirmé que mon texte était très musical. En réalité, je n’en étais pas conscient. La musique est omniprésente dans ma vie, sans doute à un point tel que même quand j’écris, elle suinte de mes mots. J’ai commencé par écrire de la poésie, c’est sans doute pour cela que mon style est plein de rythme, je mets aussi l’accent sur les sons, vous l’aurez compris, il n’y a chez moi pas de frontières entre musique et littérature. Verlaine déjà disait : de la musique avant toute chose…

Q. Comment avez-vous fait le saut dans le monde de la littérature puisque initialement vous êtes musicien ?

Initialement j’étais poète, j’ai un jour eu l’idée de mettre certains poèmes en musique, c’est comme cela que je suis devenu musicien.

Q. On peut présumer que gagner un Prix pour son premier roman peut gonfler le créateur à bloc. De l’autre côté, sentez-vous que cette récompense vous met une certaine pression sur les épaules ?

C’est un peu des deux. J’ai pris confiance dans ma plume, mais c’est vrai que je ressens une pression forte, j’ai l’impression de ne pas avoir le droit de décevoir. C’est toujours difficile d’écrire, qu’on est eu du succès ou pas. La pression c’est l’envie de bien faire, de coucher les mots justes sur la feuille, c’est ce qui me motive, j’aime ce travail.

Le second roman est un moment difficile. Je reste pragmatique, je savoure le succès du premier, c’est déjà une consécration incroyable, quoi qu’il arrive, j’aurais écrit un roman qui a bien marché, et qui fut primé. Je suis déjà bien au delà de mes rêves, au fond, il ne peut plus rien m’arriver de désagréable. Je m’efforce d’apprécier les choses sur le moment, je prendrai dans mon avenir littéraire ce qu’il y a de bon, je ferai le dos rond pour les désagréments, il y en a malheureusement toujours.

Q. Si on considère les retombées, vous ne manquez pas de visibilité. D’ailleurs, elle est axée sur la diversité culturelle. Est-ce que toutes les portes pourraient s’ouvrir à la mesure de la prolifération de l’auteur ?

L’avenir le dira. J’ai aujourd’hui la possibilité d’écrire, d’être publié et lu. C’est déjà énorme, ces portes là me sont ouvertes, je suis arrivé à cela, franchement je n’ai pas besoin de beaucoup plus.

Q. Votre voyage en Haïti, a-t-il eu un rapport direct avec votre Prix. Sinon, quelles étaient les circonstances ?

J’ai participé au premier festival Étonnants voyageurs à Port au Prince en tant que lauréat de la Francophonie. Ce fut une expérience unique, je suis tombé amoureux de cette île, malgré ses difficultés. Les paysages sont absolument magnifiques, les Haïtiens ont une faim de vivre incomparable. Je suis convaincu que ce sera l’un des grands pays de demain.

Q. Quand vous avez soumis votre manuscrit, Actes Sud était-elle l’unique maison d’édition à qui l’œuvre était confiée ?

C’est une histoire assez singulière, je suis entré en littérature de manière étrange. J’avais écrit quelques nouvelles, qu’Hans Christophe Buch, qui d’ailleurs a des origines haïtiennes, a lues. Elles lui ont plu, il les a confié à Bernard Magnier, éditeur à Actes Sud, ce dernier m’a demandé d’écrire un roman, ce fut le cœur des enfants léopards. C’est donc l’unique maison d’édition qui a eu à lire mon manuscrit.

Q. Beaucoup de lecteurs doivent vous témoigner votre propension à l’écriture poétique. Comptez-vous garder les pieds fermes dans l’écriture romanesque ou pensez-vous explorer le genre poétique plus ouvertement ?

J’évite de m’enfermer dans un genre ou dans quelconques catégories, j’écris comme il me semble juste, selon l’inspiration et l’envie de trouver le mot juste, la phrase la plus belle. Ensuite c’est aux critiques et surtout aux lecteurs de juger et d’en faire ce qu’ils veulent. De mon côté, je crée librement.

Q. Comment conciliez-vous la musique et l’écriture ?

C’est très simple, je chante ce que j’écris, ma musique c’est de la littérature, de la poésie mise en musique.

Q. Dans un avenir rapproché, avez-vous un projet de musique ou les deux en équilibre ?

Je suis en train d’enregistrer un CD, entre deux avions je m’arrête à Paris et je mets les chansons en boîte. En même temps je termine mon second roman, parfois je souhaite que chaque jour dure 48h.

Q. Selon vous, sans la reconnaissance de l’apport de la femme dans toutes les sphères d’une société, le salut de l’humanité est mis à rude épreuve. Avez-vous d’autres arguments pour appuyer votre position ?

Contrairement à beaucoup, je pense que l’humanité en est à ses débuts, les modèles dominants aujourd’hui sont assez inefficaces dans le sens où ils créent énormément d’injustices entre nous. La place de la femme y est souvent négligée, or il s’agit de plus de la moitié de l’humanité… Les hommes ont souvent peur des femmes, simplement parce qu’elles sont différentes, au lieu de considérer cela comme un enrichissement. Je pense que l’une des clés de l’avenir de l’humanité réside dans le fait d’accepter la diversité, la considérer comme un moteur et non comme quelque chose à réprimer. La première des différences est celle de l’homme et la femme, et c’est là que devrait commencer l’apprentissage.

Je vous remercie monsieur N’Sonde

Au plaisir madame Domond

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BÔ KAY NOU


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