Vers le sud rompt avec la perspective dominante. Le lecteur cesse d’aller du Sud au Nord (vers l’exil), le temps d’une lecture. Le regard change. Et la tentation est plutôt vers le sud. Vers la lumière et la liberté.
Dany Laferrière a traité avec bonheur, dans une langue dépouillée, sans démonstration de compétence ni sauce idéologique tropicale tragique, ces corps blancs qui filent vers le sud pour se donner vie et dignité. Étonnant que ce pays si décrié politiquement parvienne à chaque fois à renaître grâce à l’art.
Le livre pose la question du corps et du désir en rapport avec l’âge. La réponse est claire : Éloge de la femme d’un âge certain. Éloge de la vie, de la chair et du hasard. Et surtout éloge du plaisir à n’importe quel prix. Vers le sud est en ce sens le livre de la vie, du corps et de l’abandon.
Dany Laferrière revient quelque peu ragaillardi après sa fatigue déclarée. Il a publié fin 2005 à Montréal aux éditions « Mémoire d’encrier » une série de chroniques fort appréciées Les années 80 dans ma vieille Ford. Et aussi un conte pour enfants (exquis, entre autres) Je suis fou de Vava (les éditions de la Bagnole).
Dany Laferrière, avec une grenade dans la main, un fruit, une arme, peut-être, regarde le jury Renaudot ! (c’est la cuvée de printemps...). Édouard Glissant a remporté le prestigieux Renaudot pour La lézarde en 1958. L’oncle Depestre l’a eu trente ans plus tard pour son roman Hadriana dans tous mes rêves. Aujourd’hui Dany, avec l’humour contagieux et cette désinvolture qu’on lui connaît, semble plonger dans le spectacle.
Laferrière à qui j’ai annoncé ce jeudi (25 mai) la nouvelle de la liste Renaudot, était déjà ailleurs. Il mettait la dernière main à un scénario sur la vie de ce mystérieux bluesman nommé Robert Johnson, qui a tant influencé Bob Dylan et Eric Clapton.
Attention Hold-up sur la rive gauche !