Mise à jour le Février 2022
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Mardi 16 avril 2024 09:41 (Paris)

Le vote de la honte ! par Kerlens Tilus

Le vote de la honte d’Haïti à l’OEA pour ne pas reconnaître la réélection du président Nicolas Maduro a été endossé par Léon Charles, ancien officier de la Marine Haïtienne, ancien DG de la PNH, actuel ambassadeur par intérim d’Haïti à l’OEA. C’est un nom qui doit être gravé dans l’histoire d’Haïti au même titre que le nom de Jean Baptiste Conzé

En Juin 2018, quand Haïti avait fait abstention lors du vote pour retirer le Venezuela de l’OEA c’était Edmond Bocchit qui était ambassadeur d’Haïti à l’OEA.

Aujourd’hui, il est le chancelier haïtien, voilà qu’il a fait tout le contraire. Qu’est-ce que Edmond Bocchit qui a été à Washington pour observer le vote aura à nous dire pour nous faire avaler cette salade putride. Jovenel Moise, président inculpé ayant un déficit de légitimité se réclame des Tèt Kale qui sont des néo-duvaliéristes. N’est-ce pas que Mr. Jovenel a marché sur les traces de François Duvalier qui avait fait voter à Punta del Este pour retirer Cuba de l’OEA ? Qu’est-ce qui nous surprend avec des sous-hommes au pouvoir.

D’entrée de jeu, nous disons qu’Haïti devrait faire abstention et le gouvernement vénézuélien comprendrait et aurait entériné ce geste. J’ai entendu plusieurs « machann mikwo » en Haïti parler de deal que les Etats-Unis auraient offert au gouvernement en place. Laisse-moi dire aux jeunes que les Etats-Unis d’Amérique avaient fait des promesses à Sudre Dartiguenave qu’ils n’ont pas tenues. François Duvalier croyait qu’il allait recevoir des millions pour construire un aéroport et construire des infrastructures après le vote contre Cuba ; il n’a rien reçu. Comment les Etats-Unis d’Amérique vont-ils aider Haïti, alors que nous sommes sous son joug depuis plus de 100 ans ?

J’ai suivi les réactions après le vote de la honte sur les réseaux sociaux ; bon nombre d’Haïtiens sont furieux, mais il y a un petit groupe de laquais qui essaie de justifier le vote de la honte. Laisse-moi rappeler à tous ce qu’Haïti représente aux yeux des Vénézuéliens et ce que le Venezuela représente aux yeux des Haïtiens dignes de ce nom. L’amitié d’Haïti avec le Venezuela remonte à plus de 200 ans. C’est en Haïti que Simon Bolivar, le héros de la libération du Venezuela a eu le soutien pour combattre les Espagnols. Quand Hugo Chavez a permis à Haïti de faire partie de l’Accord de Petrocaribe, c’est en signe de reconnaissance pour l’amitié et la solidarité qui unit les deux peuples.

J’ai entendu le professeur Jean Poincy dire que l’Accord Petrocaribe est un accord impérialiste d’Hugo Chavez. J’apprécie Jean Poincy, mais je me demande bien dans quelle coupe a-t-il bu, et quelle sorte de vodka ou de tafia. Nous devons dire aux jeunes qui ne savent pas grande chose d’Hugo Chavez, ce que ce brave représente pour le peuple Vénézuélien et les pays du Sud. Avant Chavez, les Américains contrôlaient le pétrole vénézuélien à travers l’élite pourrie et charognarde du Venezuela. Une grande majorité du peuple vénézuélien croupissait dans la misère. Hugo Chavez, militaire de son état avait proposé une nouvelle vision qui consistait à repartir les richesses du pays de façon équitable dans une perspective de justice sociale et d’équité. Il a nationalisé les compagnies de pétrole et a utilisé les revenus pour permettre à plus de 20% de la population vénézuélienne de passer de la pauvreté à la classe moyenne. Et des millions de Vénézuéliens ont eu accès à une éducation de qualité.

Hugo Chavez a vu ce qu’avait réalisé Fidel Castro à Cuba. Il a copié ce modèle et est venu avec la révolution socialiste. Fidel Castro, Evo Morales, Pepe Mujica, Hugo Chavez, Luiz Inacio Lula da Silva sont de grands hommes de l’Amérique Latine de la fin du 20ème siècle et du début du 21ème siècle que les jeunes doivent étudier et connaitre. Les pays de l’Occident vous diront qu’ils sont des dictateurs, mais aller voir les chiffres, aller sur le terrain pour voir ce qu’ils ont fait pour leur pays. Quand l’Occident ne peut pas orienter les dirigeants d’un pays du Sud dans le sens de ses intérêts, il les affuble de tous les noms.

En Haïti au vingtième siècle, nous avons eu un Dumarsais Estime qui était bien sûr de la trempe de ces grands hommes, mais qui n’a pas fait long feu au pouvoir. Depuis plus de cinq ans, l’Occident, principalement les Etats-Unis d’Amérique font tout pour mettre le Venezuela à genoux. Ils ont lancé une guerre économique contre ce pays et l’Iran en baissant le prix du baril du pétrole sur le marché international. L’élite économique du Venezuela provoque une pénurie des produits de première nécessité et l’économie du pays est réduite en lambeaux. Nicolas Maduro qui n’était pas un politicien, mais qui apprend vite, arrive à résister, malgré tout, et la majorité du peuple vénézuélien est debout derrière lui. Si le peuple vénézuélien n’était pas solidaire avec Maduro, la CIA qui finance l’opposition vénézuélienne serait déjà arrivée à bout de lui.

Après le tremblement de terre de 2010, Hugo Chavez était le seul président à avoir dénoncé la tragédie faisant savoir que c’était une attaque contre Haïti. Il avait annulé la dette d’Haïti vis-à-vis du Venezuela. Le savant Daniel Mathurin qu’on a assassiné en République Dominicaine (un assassinat camouflé en accident de voiture) avait bien démontré à Éric Calais et à tous les experts que ce n’était plus une question de faille qui avait provoqué le tremblement de terre et on l’a tué. Ce même Chavez avait parlé du pétrole que le sous-sol haïtien renferme. Plusieurs croient que Chavez est mort suite à un empoisonnement. Hugo Chavez est ce président qui a porté Haïti sur ses épaules en nous permettant d’avoir accès à un capital qui pourrait être bénéfique pour les Haïtiens ; et nous savons comment l’argent a été détourné et pillé.

Avec quel courage des Haïtiens osent dire qu’Hugo Chavez n’avait pas en tête d’aider Haïti, mais plutôt d’étendre ses tentacules sur la Caraïbe. Ce que Chavez a fait pour Haïti, les Etats-Unis d’Amérique, le Canada et l’Union Europe ne le feraient jamais. D’ailleurs, ils ont mis Haïti sous le chapitre 7 des Nations Unies, ce qui implique qu’Haïti ne peut pas avoir accès à des prêts internationaux. Hugo Chavez a défié les Nations Unies, la Banque Mondiale, la BID et le FMI pour accorder un prêt à Haïti. C’est sur cet homme-là et sur ce pays que le gouvernement haïtien vient de cracher à l’OEA.

Les pays de l’Occident sont des pays racistes. Je vis aux Etats-Unis d’Amérique et j’ai vécu au Canada, j’ai vu et je vis le racisme. Les Blancs considèrent les noirs et les Latinos comme des êtres inférieurs. Les grands leaders latino-américains que j’ai précités ont compris la question de couleur et le racisme, voilà pourquoi ils se battaient pour conserver l’identité de leur peuple. Que sommes-nous aujourd’hui, mes frères haïtiens ? Les pères fondateurs de la nation haïtienne avaient une devise : Vivre libre ou mourir. Dans quelles conditions la majorité des Haïtiens vit aujourd’hui ? Dans une misère abjecte, dans la crasse et dans le dénuement total. La question haïtienne est une affaire de racisme et de couleur. Les Américains nous traitent comme des chiens et des sous-hommes parce que nous sommes nègres. L’épopée de 1804 a mis fin à l’esclavage, ce système barbare que l’Occident avait mis en place pour déshumaniser les noirs. Les pères fondateurs de la nation haïtienne ne s’étaient pas battus pour qu’on ait un Martelly, un Jovenel au pouvoir, des sous-hommes qui ont eu recours aux Américains et à l’Occident pour accéder au pouvoir et pour rester au pouvoir. Nous avons beaucoup parlé du rôle des Clinton dans la sélection de Michel Martelly. Voici dans quel contexte est venu le vote de la honte.

Ce n’est pas parce que je vis aux Etats-Unis d’Amérique que je ne peux pas critiquer les mauvais côtés du système, l’impérialisme qui est un péché mortel comme disait l’autre qui vit tranquillement chez lui aujourd’hui et bien. Je crois que nous devons avoir le courage de dire à nos bourreaux qu’ils sont des bourreaux. Quand nous aurons compris que le dilemme haïtien est une affaire de racisme et de couleur, nous comprenons bien comment nous battre pour nous libérer du joug de l’Occident. Si nous vivons loin de notre pays d’origine aujourd’hui, c’est parce que l’Amérique a créé les conditions nécessaires pour l’exode massif afin d’avoir des bras pour travailler chez eux.

Les Etats-Unis d’Amérique cautionnaient les actions de François Duvalier, des militaires haïtiens, de Michel Martelly et aujourd’hui l’inculpé Jovenel Moise. Regarde comment on est en train de sacrifier Donald Trump parlant de collusion avec la Russie. Les Américains sont fâches parce que la Russie a réussi à influencer les votes en faveur de Donald Trump. Et pourtant ces Américains parlent de changement de régime à tout bout de champ, s’immiscent dans les affaires internes d’autres pays, tuent des présidents au pouvoir, appuient des coups d’état militaires et mettent en place des laquais au timon des affaires dans plusieurs pays du Sud. Baton ki bat chyen nwa a, se li ki bat chyen blan an. Yo poko wè, yo gen pou yo wè. Il y a un Dieu pour les pauvres et pour les malheureux.

Je reste optimiste vis-à-vis du futur d’Haïti parce que je vois des hommes et des femmes qui travaillent dans l’ombre pour permettre à ce pays de se relever. Je veux qu’un défenseur de l’Occident, principalement des Américains me disent quand est-ce que ces derniers avaient ou ont financé un projet de développement durable en Haïti. Il y a des imbéciles qui vous disent : ou so do chwal la, w ap palel mal. Mais, ce qu’ils ne savent pas c’est que le chwal vit aux dépens de mon pays. Le chwal bénéficie d’une main d’œuvre à bon marche. Les intellectuels et les savants haïtiens qui auraient pu mettre leurs connaissances au service du pays sont pourchassés et l’Occident avec l’aide de la bourgeoisie répugnante, des politiciens corrompus et des laquais au pouvoir arrivent à mettre en place la gangstérisation qui renforce le système « peze souse ». La délivrance d’Haïti n’est pas pour demain si nous n’arrivons pas à comprendre d’où viennent cette division et cette méchanceté de l’un vis-à-vis de l’autre. C’est un président américain qui avait dit qu’il faut soulever les hommes à souliers contre ceux aux pieds nus. Et bien c’est la politique d’ostracisation et de la division que joue les Américains aujourd’hui. Nous connaissons nos droits comme citoyens vivant dans ce pays, et nous n’outrepassons jamais nos droits. Nous avons la liberté d’expression et nous l’utilisons à bon escient.

Jeunes de mon pays, adultes de mon pays, intellectuels et professionnels de mon pays, il revient à nous de guider et d’orienter ce peuple qui est tenu dans les fers et qu’on bluffe. Le vote de la honte devrait permettre aux Haïtiens de comprendre qu’ils ont affaire à des crapules et s’ils ne se soulèvent pas contre ces gouvernements de doublure, Haïti n’ira nulle part. Malheureusement que l’opposition en Haïti est financée par des pays étrangers et elle vit de la corruption, sinon ce vote de la honte suffirait pour forcer Jovenel Moise à partir. Nous ne pouvons pas baisser les bras. Nous devons garder l’attitude d’un battant avec toute notre résilience et en faisant notre le motto : l’union fait la force.

Je n’ai pas besoin de lancer des invectives vis-à-vis des dirigeants haïtiens, car le professeur Jean Eddy Saint Paul, fondateur de l’Institut des Etudes Haïtiennes à Brooklyn College a bien décrit la politique du ventre et du bas ventre dans plusieurs ouvrages qu’il a publiés. Nous devons prendre notre destin en mains pour éviter ces situations de traîtrise par rapport à des peuples qui sont solidaires avec nous. Hier c’était Cuba, aujourd’hui c’est le Venezuela. Souvenons-nous de Jovenel Moise, Edmond Bocchit et de Léon Charles, trois laquais, sous-hommes et chenapans qui ont mis Haïti au banc de la honte et de la traîtrise. Que le peuple vénézuélien qui soutient leur président en grande majorité nous pardonne pour ce manquement. Je termine ce texte avec un commentaire de l’historien Michel Soukar qui résume tout ce que j’avais à dire sur le vote de la honte :

« Jovenel Moise vient-il de cracher sur une page glorieuse de Notre histoire ? Dessalines et Pétion se remuent sans doute dans leurs tombes. Le grand blanc sera-t-il reconnaissant envers le petit nègre qui vient de se couvrir de tant d’infamie, non à cause d’un prétendu soutien au peuple vénézuélien, souffrant de la gabegie de son gouvernement et de la politique égoïste des puissances occidentales, mais au nom d’un pragmatisme de caniveau. » (Michel Soukar)

Kerlens Tilus 01/12/2019




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