Mise à jour le 26 septembre
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Vendredi 04 octobre 2024 11:40 (Paris)

ILE-A-VACHE : MOBILISATION POUR NE PAS DEVENIR DES ETRANGERS DANS SON BERCEAU DE NAISSANCE. Ile-à-vache : l’arrestation du policier Jean Maltunès Lamy n’a fait qu’envenimer la situation

L’arrestation puis l’emprisonnement du policier Jean Maltunès Lamy dans le cadre d’un mouvement de résistance qui prend de l’ampleur à l’Ile-à-vache et sur les réseaux sociaux est le fruit d’une gestion calamiteuse du dossier par les autorités.

Des firmes étrangères, effrayées par l’ampleur que prennent les affrontements sur l’ile, sont - dit-on - parties et d’autres envisagent de se retirer également.

C’est ce qu’il en coûtera, de l’avis des observateurs, aux autorités chargées de gérer le dossier et c’est qui explique que cette histoire soit en train de devenir virale sur le Net.

Ce qui se passe à l’Ile-à-vache est aujourd’hui connu et véhiculé dans les réseaux sociaux par les internautes comme étant le conflit terrien violent entre, d’une part, des transnationales du tourisme et leurs alliés au sein du gouvernement haïtien, et d’autre part, une communauté de petits agriculteurs et de pêcheurs artisanaux livrée à elle-même.

Les récents voyages de la Ministre du Tourisme et du Premier Ministre n’ont pas porté fruits alors qu’une sévère répression policière est en cours, qui a jeté un leader naturel de la zone en prison et forcée d’autres à entrer dans la clandestinité.

Outré par l’orientation que prend actuellement le dossier, le sénateur Pierre Francky Exius, a dénoncé les "motifs politiques" à l’origine de l’arrestation du policier Jean Maltunès Lamy et annoncé la comparution prochaine du Ministre de la Justice et du Directeur général de la Police nationale devant la Commission sénatoriale pour la justice et la sécurité, dont il est l’actuel président.

D’autres voix se sont élevées pour condamner le ton et l’allure imposés au dossier, alors que dans leur dernière prise de position publique, les protestataires avaient lancé un appel au dialogue et à la concertation.

"Jean-Baptiste Wenchel, directeur général d’une chaine de télévision locale, peu suspect d’être un contestataire mais révolté par la situation, a qualifié l’opération en cours de « chasse à l’homme sanglante avec des armes de guerre et des chiens de chasse [..] ils scrutent les maisons avec photos des réfractaires en mains »

"Autre témoin de tous ces faits, Karina W., une française originaire de Marseille, amie de la famille du policier emprisonné et qui préfère ne pas publier son nom de famille pour des raisons de sécurité, a publié sur sa page Facebook sa propre version de ce qu’elle qualifie de "drame [qui] est en train de se dérouler à Haïti".

Nous en publions quelques extraits :

"Ce jeune policier de Port au Prince, écrit-elle, marié et père d’une petite fille est un brillant étudiant qui rêve de devenir avocat. Fils d’un pasteur militant de la cause paysanne, il a participé à plusieurs manifestations sur une ile du Sud d’Haïti, l’Ile à Vache, dont il est originaire et ou sa famille habite".

"Il s’agissait, poursuit-elle, de protester contre des expulsions de cultivateurs en vue d’un aménagement touristique. Sa hiérarchie lui avait déjà intimé de cesser ses prises de positions, qui ont fait de lui tout naturellement un leader, car il en a l’envergure. Par fidélité envers sa famille et ses camarades restés sur l’île, il a poursuivi son action pacifique.

"Il s’est fait arrêter le 21 février après une opération militaire que Jean-Baptiste Wenchel, Directeur général d’une chaine de télévision locale, peu suspect d’être un contestataire mais révolté par la situation, qualifie de « chasse à l’homme sanglante avec des armes de guerre et des chiens de chasse, ils scrutent les maisons avec photos des réfractaires en mains »

Matulnès, semblait toutefois confiant et en bonne santé, lors de son transfert à Port au Prince, la capitale, et de sa garde à vue prolongée, ses collègues ayant pu lui assurer une certaine sécurité, les communications avec ses amis, et son épouse ayant pu le voir.

"Tout a basculé le 25, poursuit-elle, où il a pu nous appeler une dernière fois, juste avant d’être transféré au « Pénitencier National », surnommé la « prison de la mort » par les haïtiens. Aucune charge ne lui a été notifiée, le prétexte semble son implication présumée dans un accident il y a plus d’un an, et pour lequel il avait été entendu, mais jamais été inquiété.

"Ce n’est pas simplement la liberté d’expression qui est muselée, c’est la dignité d’un peuple et de son développement qui est méprisée, pour des intérêts économiques étrangers, qui hélas, ne résoudront aucunement la situation à Haïti.

"Ce pays n’est pas simplement l’un des plus pauvres et déshérités du monde, c’est aussi, un lieu de non-droit et de corruption. Plusieurs manifestations ont eut lieu ces derniers jours sur l’île pour exiger la libération de Matulnès, et il y a eu des blessés par armes à feu", a-t-elle conclu.

HA/radio Métropole Haiti




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