Les manifestants demandent la démission du président haïtien Jovenel Moïse, à Port-au-Prince le 28 février 2021.
Texte par : Amélie Baron (RFI)
Les manifestants avancent en courant et en dansant sur le parcours du cortège, mais leurs revendications n’ont rien de festif. Doréca Sautier étudie dans la capitale et chaque jour, elle témoigne avoir peur de sortir de chez elle. « Je ne me sens pas en sécurité, nous confie-t-elle. Chaque jour, des gens sont kidnappés, des gens sont tués. Nous, la jeunesse, nous, les étudiants, disons non : à bas les kidnappings, à bas la corruption ! Je pense que les dirigeants qui sont au pouvoir n’arrivent pas à prendre leurs responsabilités. »
Quelle sortie de crise ? Gouvernant par décret depuis plus d’un an, Jovenel Moïse a annoncé un calendrier électoral, notamment pour que le Parlement redevienne fonctionnel. Au cœur du cortège, Pascale Solages rejette en bloc cette proposition de sortie de crise.
« Nous ne voulons pas aller aux élections avec un gouvernement qui viole nos droits et qui, dès le départ va vicier le processus électoral, qui viole aussi la Constitution à partir d’un référendum qu’ils veulent faire et qui au-delà de ça, ne respecte pas la vie de chaque citoyen et chaque citoyenne de ce pays. » Les milliers de personnes, qui ont défilé drapeaux haïtiens en main, ont par ailleurs multiplié les slogans hostiles à la représentante de l’ONU en Haïti, accusée de minorer l’ampleur des rassemblements populaires.