« C’est malsain, inhumain même. Les Haïtiens passent la nuit couchés dans une effroyable promiscuité, sur de vieux matelas de mousse reconditionnés, dans une chaleur étouffante, entourés de sacs, chaussures et autres effets personnels. Les toilettes sont inondées d’eau fétide, il n’y a pas de savon et presque tout le monde se plaint de douleurs abdominales et de diarrhée. Beaucoup passent des mois dans ces conditions “, a déclaré João Paulo Charleaux, coordinateur de la communication au Conectas , qui a visité le camp.
Dans ce camp surpeuplé, rapporte l’ONG brésilienne, des combats éclatent constamment entre les gens dans les longues lignes d’attente. « Le jour où nous sommes arrivés, la police a du utiliser les armes pour contrôler la situation dans le camp, une situation similaire à bien des égards à ce que j’ai vu quand j’étais en Haïti, peu de temps après le tremblement de terre en 2010. C’est une question régionale qui implique au moins cinq pays : le Brésil , le Pérou , la Bolivie , l’Equateur et Haïti. Nous allons demander une audience thématique de la Commission interaméricaine des droits de l’homme de l’OEA et nous allons présenter nos résultats à deux Commissions indépendantes de l’ONU, l’une sur les migrants et l’autre sur la situation des droits de l’homme en Haïti », a déclaré João Paulo Charleaux.
Conectas accuse les autorités brésiliennes de vouloir dissimuler une crise humanitaire grave et envisage de porter l’affaire devant les instances internationales dont le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR). Le gouvernement brésilien a depuis des mois maintenant joué un jeu de mot - entre « immigration » et « réfugié » - afin de minimiser la gravité de la crise humanitaire que vivent ces 800 migrants haïtiens actuellement conditionnés pendant des mois à l’intérieur d’une superficie de 200 mètres carrés sous un toit de métal, à des températures pouvant atteindre 40 degrés. L’hôpital local rapporte que 90% des patients du camp ont la diarrhée. Le refuge fonctionne déjà à 4 fois sa capacité et 40 nouveaux Haïtiens arrivent chaque jour.
" Brasiléia est une poudrière qui ne demande qu’à exploser. Les habitants de la ville ont eu assez , et cela pourrait se traduire par des actes d’hostilité », avertit un fonctionnaire du gouvernement de l’Etat d’Acre à Rio Branco. Sa déclaration reflète l’état d’esprit des habitants de cette petite ville de seulement 20.000 personnes. Bien que les résidents aient exprimé leur sympathie et leur solidarité avec les Haïtiens, leur lassitude et le mécontentement se manifestent de plus en plus au grand jour. Les habitants du camp entrent de plus en plus en concurrence avec les résidents locaux pour l’accès aux lieux publics aux services de santé de la ville, supermarchés, boulangeries, banques, pharmacies, bureaux de poste et autres services publics.
L’ONG brésilienne a par ailleurs dénoncé le peu de cas que les autorités brésiliennes font d’un groupe de 20 enfants haïtiens sans papiers ou séparés de leurs parents et enregistrés par le bureau des services de protection de l’enfance de Brasiléia, mais pratiquement livrés à eux-mêmes. Radio Metropole
Le Brésil, nouvel eldorado pour les Haïtiens fuyant la misère
Des Haïtiens font la queue devant l’ambassade du Brésil à Port-au-Prince le 9 octobre 2012