Mise à jour le 26 septembre
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Deux ans plus tard, les plaies économiques, pas complètement pansées

Deux ans après le tremblement de terre du 12 janvier, les plaies économiques laissées par cette tragédie semblent ne pas être complètement cicatrisées.

Le paysage économique prévalant la première année qui a suivi ce désastre n’est plus le même, vu quelques signaux positifs enregistrés durant cette période qui laissaient présager un regain des activités économiques. Cependant, ces dernières sont lentes et génèrent peu d’emplois, d’autant plus que l’accès au crédit demeure un luxe. Ceci implique, d’une part, qu’il sera très difficile d’améliorer la situation de ceux qui sont déjà en difficulté socio-économique et, d’autre part, que leur nombre va probablement encore augmenter.

Il y a deux ans depuis qu’Haïti a été frappée par un terrible tremblement de terre qui a mis en coupe divers secteurs de la vie nationale, notamment l’activité productive et économique du pays. Outre les plus de 250 000 morts enregistrés selon les chiffres officiels, le produit intérieur brut (PIB) qui a crû au rythme moyen annuel de 2,2 % depuis 2005, a atteint, à la fin de l’exercice fiscal 2010, son plus bas niveau depuis près d’une vingtaine d’années. Si l’on en croit les estimations, celui-ci a accusé une chute considérable de l’ordre de 5,4 % en 2010, contre une hausse de 2,9 % pour l’exercice fiscal 2008-2009.

Entre signaux positifs et espoirs

Le chaos a été évité de justesse, notamment grâce aux flux des transferts courants et une contribution positive des dons en nature provenant d’organisations non gouvernementales (ONG), qui ont pu diminuer l’impact négatif du séisme sur le PIB et les conditions de vie de la population en général. Cependant, il faut attendre l’année précédant cette hécatombe pour pouvoir enregistrer certains signaux positifs témoignant d’une reprise des activités socio-économiques du pays.

Tout d’abord, les recettes fiscales de la Direction générale des impôts (DGI) et de l’Administration générale des douanes (AGD) pour l’exercice fiscal 2010-2011ont été au-delà des attentes. De son côté, la DGI a enregistré des recettes de 14,5 milliards contrairement aux 12,9 milliards prévues par le ministère de l’Économie et des Finances, tandis que pour sa part, l’AGD a encaissé, au cours de la période allant d’octobre 2010 à juillet 2011, 19 milliards de gourdes alors que l’exercice fiscal n’était pas encore arrivé à terme. Ce qui permettrait au gouvernement d’implémenter bon nombre de ses projets afin d’atténuer les effets de l’extrême pauvreté sévissant dans le pays. Des prévisions optimistes qui ont été aussi réconfortées par les toutes dernières conjectures du Fonds monétaire international (FMI) et de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraibes (CEPALC).

De plus, l’année 2011 a surtout été marquée par une certaine manifestation timide du secteur privé haïtien à s’impliquer davantage dans le processus de la reconstruction du pays. Nous ne sommes pas prêts d’oublier les constructions de la centrale de « E-Power », à Cité-Soleil, et de l’hôtel Oasis, à Pétionville, qui constituent deux modèles d’investissement marquant du même coup un pas important vers la reconstruction du pays.

L’année 2011 a aussi été caractérisée par une campagne très poussée, lancée par les acteurs économiques, visant à attirer davantage d’investisseurs dans le pays. Celle-ci s’est manifestée, d’une part, par la multiplication des voyages du président Martelly pour essayer de vendre l’image du pays auprès de ces derniers et, d’autre part, par la tenue d’un événement historique dans le pays, le deuxième forum de l’investissement. À l’issue de cette initiative, les organisateurs ont annoncé de nombreux accords pour Haïti, notamment dans l´industrie textile, le tourisme, l’agrobusiness ou encore les projets d’infrastructures liés à la reconstruction et au développement à long terme du pays. Ce qui pourrait être bénéfique quand on sait que le taux de chômage est particulièrement élevé à l’échelle nationale.

D’énormes embûches restent à franchir

Malgré les signes optimistes affichés par l’économie haïtienne, par rapport à 2010, la situation socio-économique de la plupart des Haïtiens reste précaire et très fragile. Il suffit de consulter les chiffres officiels publiés sur le chômage pour constater l’ampleur de cette dégradation. Selon les chiffres publiés par l’IHSI dans son document sur les conditions de vie des ménages, bien que cette enquête ait été réalisée bien avant le séisme, aucun progrès concret n’a été observé jusqu’à aujourd’hui, le taux de chômage table sur 45,5 % dans l’aire métropolitaine et 28,2 % dans les villes de provinces. Les jeunes de 15-19 ans (61,9 %) et de 20-24 ans (50 %) sont d’autant plus concernés par cette situation.

S’il est vrai que les recettes de l’État ont accusé des hausses de 10 %, cependant celles-ci ne constituent que des valeurs nominales sur lesquelles l’évolution du niveau des prix peut avoir des conséquences néfastes. En rythme annuel, le taux d’inflation, pour le mois d’octobre, a crû de 10,4 %. Ce qui, en quelque sorte, amenuisera la valeur réelle de ces recettes et les marges de manœuvre du gouvernement pour implémenter des projets sociaux bénéficiant aux pauvres. De plus, des efforts significatifs devraient être réalisés dans le domaine de la gouvernance pour permettre à ces fonds de servir la communauté.

Au lendemain du séisme du 12 janvier, tous les discours prônaient la recapitalisation de la classe moyenne et le développement des initiatives privées par le moyen d’un plus grand accès au crédit. De nos jours, on a l’impression que ce discours sont refroidis. Hormis de timides actions qui ont été réalisées par quelques fondations internationales, l’implication des secteurs privé et public reste négligeable. Ce qui renforce l’hypothèse faisant croire que le crédit est destiné à des acteurs bien déterminés.

En ce qui a trait à la réalisation du forum sur l’investissement, l’expérience de 2009 prouve qu’il ne faut pas être trop euphorique et que la prudence devrait être de mise. On se le rappelle qu’en 2009, le premier forum sur l’investissement réalisé par la BID n’a pas eu des effets significatifs aux yeux de plus d’un, bien que les promesses faites par les investisseurs de divers pays fussent nombreuses. Si l’organisation de ce forum a été l’opportunité pour le pays de vendre son image à bon nombre d’investisseurs, cela reste une éventualité que les investisseurs ne soient pas vraiment décidés à marcher dans la logique haïtienne, surtout si aucun effort concret n’a pas été consenti pour créer une certaine stabilité sociopolitique dans le pays afin d’encourager l’investissement.

Si les instances internationales (FMI et CEPAL) sont très optimistes quant à une croissance du PIB haïtien dans une fourchette de 7 à 8 %, cependant d’autres facteurs exogènes devraient être pris en compte. En effet, l’inquiétude régnant sur le marché mondial, notamment avec la tension mettant face à face les USA et l’Iran, pourrait tirer vers le haut le prix des produits pétroliers et créer des tensions au niveau des petites économies dépendantes de ces ténors de l’économie mondiale. Cette prévision dépend grandement des travaux de reconstruction pour lesquels la disponibilité en temps réel des fonds nécessaires à l’exécution des ces travaux à haute intensité de main-d’œuvre, qui constituent toujours une énigme très difficile à résoudre.

Pierre Ricardo Placide
ppricardo1983@yahoo.fr




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