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Duvalier avoue sa "profonde tristesse" à ses victimes, mais sans demander pardon

Désormais apôtre de la "réconciliation nationale", l’ancien tyran, cible de plusieurs poursuites judiciaires, affirme vouloir contribuer à la reconstruction post-séisme même au prix de persécutions diverses

L’ancien dictateur Jean-Claude Duvalier a admis vendredi avec une "profonde tristesse" que des haïtiens avaient été victimes sous sa Présidence à vie (1971-1986) et a, sans solliciter leur pardon, lancé un appel à "la réconciliation nationale", lors de sa première déclaration à la presse cinq jours après un étrange retour ayant mis fin à 25 années d’exil, en France.

"Je profite de cette occasion pour exprimer, encore une fois, ma profonde tristesse à l’endroit de mes compatriotes qui se reconnaissent, à juste titre, d’avoir été victimes sous mon gouvernement", a déclaré dans une brève allocution, lue sur le ton de ses discours d’autrefois, l’ex-homme fort d’Haïti inculpé de corruption et objet de plusieurs plaintes pour crimes contre l’humanité.

Annonçant son intention de participer comme "tous les haïtiens et haïtiennes de bonne volonté" à l’oeuvre de reconstruction nationale après le séisme dévastateur du 12 janvier 2010, à l’origine de 300.000 morts, M. Duvalier a fait part de sa solidarité avec la population.

"Me voici pour témoigner ma solidarité en cette période difficile", a-t-il poursuivi après avoir regretté son absence aux cérémonies commémoratives du premier anniversaire de cette gigantesque tragédie.

Dans la foulée, l’ancien héritier de François Duvalier, a invité ses compatriotes à "la réconciliation nationale", 25 ans après la chute, sous la pression populaire, d’une dynastie responsable en 30 ans de l’assèchement du trésor public, de dizaines de milliers de morts, de disparus, de prisonniers et d’exilés.

Sur un plan purement conjoncturel, Jean-Claude Duvalier, dit espérer un "dénouement rapide de la crise politique", près de deux mois après les présidentielles et législatives contestées du 28 novembre restées jusqu’ici non résolues.

Se déclarant "favorablement impressionné par l’accueil" qui lui a été réservé dimanche dernier à son arrivée, dit-il, à l’aéroport international François Duvalier (pourtant rebaptisé aujourd’hui aéroport Toussaint Louverture), l’ancien Président à vie a salué tout particulièrement l’enthousiasme d’une "foule de jeunes qui n’avaient pas connu sa présidence".

Il a enfin adressé sympathies à ce qu’il appelle ses "millions" de partisans dont beaucoup, à son départ du pouvoir le 7 février 1986, furent lynchés et leurs maisons déchoukées.

S’exprimant devant la presse locale et internationale presqu’exclusivement en français, avec d’évidentes difficultés d’élocution, "Baby Doc" s’est retiré, sans répondre aux questions, laissant la place à ses avocats.

Outre Reynold Georges, trois avocats américains, parmi eux l’ancien congressman républicain Bob Barr, ont pris la défense de leur client qui serait victime de "persécutions politiques" depuis son retour.

Au moment de leur exposé, M. Duvalier saluait une foule d’une centaine de partisans bruyants du haut du balcon d’une superbe villa située dans le quartier résidentiel de Montagne Noire, à Pétion-Ville (banlieue est de Port-au-Prince)

Agé de 59 ans et apparemment malade, l’homme avait démenti mercredi dans un communiqué vouloir s’immiscer dans le processus électoral en cours comme l’avait laissé entendre un diplomate de l’ancien régime, Henri-Robert Sterlin, qualifié de "prétendu porte-parole".

Ce dernier avait révélé que M. Duvalier aspirait à redevenir Président d’Haïti grâce à l’annulation des joutes contestées de novembre et à la tenue d’un nouveau scrutin.

Il avait aussi affirmé qu’une deuxième stratégie des duvaliéristes consisterait à favoriser la victoire au second tour (contre Mirlande Manigat) du chanteur Michel Martelly qui s’est déclaré prêt à désigner parmi ses éventuels futurs conseillers tous les anciens dirigeants, y compris l’ex-dictateur.

Jean-Claude Duvalier, dont la traduction en justice pour crimes contre l’humanité, corruption et détournement de fonds est réclamée par de nombreux organismes des droits humains, fait l’objet d’une interdiction de départ et a vu vendredi un ancien prisonnier politique, Robert Duval, déposer une cinquième plainte contre lui.




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