Quelques jours après le séisme, l’ancien ministère de l’Immigration se mobilisait, en liaison étroite avec celui des Affaires étrangères pour répondre à la situation humanitaire en Haïti. Dans un courrier officiel, Eric Besson s’engageait autour d’un dispositif exceptionnel et temporaire d’accueil des victimes en France, des facilités accordées pour la délivrance des visas pour visites familiales notamment en permettant le regroupement familial à ceux qui ont des proches en France. Un an après c’est la colère et l’incompréhension : les promesses n’ont pas été tenues. « En créant de faux espoirs, le gouvernement a rajouté de la douleur à la douleur : c’est inhumain », souligne Nicole Launey de la Ligue des doits de l’homme (LDH).
Une situation inacceptable
En avril dernier Mackendie Toutpuissant, à la tête de la Plateforme d’associations franco-haïtiennes (PAFHA) après une rencontre avec les autorités en charge de ce dossier finit par obtenir quelques chiffres : sur les trois milles dossiers déposés pour être instruits, cinq cents visas ont été délivrés au titre du regroupement familial selon l’ambassadeur de France à Haïti. Depuis les difficultés demeurent et pour pallier l’absence de documents d’état civil officiels, une série de papiers est exigée : la première déclaration de naissance, un certificat de baptême délivré par un prêtre et un document provenant des archives nationales. Des pièces impossibles à fournir vu l’état chaotique de l’administration du pays.
Partir à tout prix
Face aux difficultés pour obtenir ce ticket au départ certains désespérés ont tenté de quitter leur pays sans le précieux sésame. En décembre dernier, alors qu’un accueil enthousiaste et médiatisé était réservé à plusieurs centaines d’enfants adoptés par des familles françaises, 75 étudiants haïtiens en situation irrégulière débarquaient en France. En transit, munis d’un visa pour le Bénin, ils se sont vu refuser l’entrée sur le territoire. D’abord maintenus en zone d’attente aux aéroports d’Orly et de Roissy, ils ont finalement obtenu, après une bataille juridique, l’autorisation d’entreprendre des démarches administratives.
Marie-Gerda, 24 ans, étudiante, faisait partie de ce groupe d’Haïtiens. Elle a abandonné sa petite fille âgée seulement de 2 ans à l’une de ses voisines en Haïti. Pour elle, venir en France était une simple question de survie. « Je rêve que ma fille puisse me rejoindre », déclare-t-elle sans toutefois croire à de prochaines retrouvailles. Marie-Gerda vient en effet de déposer une demande d’asile. Une démarche compliquée, qui va prendre de longs mois avant d’aboutir.