La foule en colère a notamment incendié le siège de la coalition gouvernementale sortante, accusée d’avoir truqué les résultats, ont rapporté des témoins.
Des barricades ont été dressées dans plusieurs quartiers de la capitale. Les manifestants, parfois armés de bâtons, scandaient des slogans favorables au chanteur et candidat Michel Martelly, arrivé en troisième position et donc écarté du second tour prévu à la mi-janvier.
Mardi soir, le Conseil électoral provisoire (CEP) a publié les résultats du premier tour qui accordent 31,37% des voix à Mirlande Manigat, ancienne "première dame" du pays, et 22,48% au candidat du pouvoir sortant, Jude Célestin. Martelly, alias "Sweet Micky", qui avait promis une vague de contestation s’il ne franchissait pas le premier tour, est crédité de 21,84%.
Les troubles, qui ont gagné au moins une autre ville du pays selon des témoins, risquent de balayer les chances de voir émerger d’un scrutin parrainé par l’Onu de nouveaux gouvernants capables de stabiliser Haïti.
INCIDENTS AUX CAYES
A Port-au-Prince, les protestataires ont mis le feu au siège de la coalition (Inité) du président sortant, René Préval. Commerces et écoles sont restés fermés et de nombreux habitants ne sont pas sortis de chez eux par crainte de violences.
Des colonnes de fumée noire s’élevaient de la capitale surpeuplée, où un séisme destructeur a fait 250.000 morts et des centaines de milliers de sans-abri le 12 janvier. Une épidémie de choléra a, en outre, déjà causé la mort de plus de 2.000 personnes en Haïti.
Les manifestations de la capitale ont notamment eu lieu dans les quartiers de Pétionville, Delmas et Canapé Vert.
La radio haïtienne a également signalé des troubles aux Cayes, dans le sud du pays, où des partisans de Martelly ont incendié des bâtiments administratifs, entre autres les bureaux du fisc et des douanes.
Scandant des slogans contre René Préval, les manifestants ont érigé des barrages avec de gros rochers, des débris divers et des pneus en flammes. D’autres avaient des bâtons et arboraient des portraits du candidat battu.
"Pendons Préval !", hurlaient certains. Le président sortant a pour protégé et futur gendre Jude Célestin.
Apparemment débordée, la police haïtienne n’a pas tenté de s’opposer aux manifestants, selon des témoins. Hormis une patrouille occasionnelle, on n’observait guère plus d’action de la part des casques bleus, ont-ils ajouté.
American Airlines a suspendu ses vols à destination et au départ d’Haïti, ont indiqué à la presse des membres du personnel de la compagnie. L’aéroport de Port-au-Prince semblait fermé, ce qui n’a toutefois fait l’objet d’aucune confirmation.
Par l’intermédiaire de leur ambassade à Port-au-Prince, les Etats-Unis ont émis des doutes sur les résultats du CEP, qu’ils ne jugent pas conformes aux décomptes auxquels "de nombreux observateurs locaux et étrangers ont assisté".
Le second tour doit avoir lieu à la mi-janvier, sous réserve de confirmation.
Depuis le 28 novembre, les casques bleus de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah) et les observateurs internationaux sont confrontés à des allégations répétées de "fraude massive" formulées par plus de la moitié des 18 candidats présents au premier tour.