Une reprise quasi-insignifiante a marqué lundi la réouverture des classes dans le département de l’ouest, trois mois après le violent séisme ayant ravagé Haïti, avec un bilan particulièrement lourd pour le secteur scolaire.
A Poprt-au-Prince, où se concentrait le gros des dégâts, ils étaient très peu nombreux les élèves à avoir repris le chemin de l’école. Les nouveaux sites de beaucoup d’établissements privés, publics ou congréganistes détruits ou sérieusement endommagés le 12 janvier étaient encore en chantier malgré les promesses maintes fois renouvelées du ministère de l’éducation nationale.
Pour des parents qui se sont présentés en vue de s’enquérir de la situation de leurs enfants, la journée s’est résumée à une prise de contact avec la direction des écoles.
Là où ils étaient présents, les écoliers, généralement venus sans uniforme, n’affichaient pas tous les mêmes sentiments et s’exprimaient en fonction de leur vécu émotionnel de la tragédie. Si certains étaient heureux de retrouver leurs petits camarades, en revanche, d’autres, la mine sombre, affirmaient avoir perdu des proches parents, leur père, leur mère ou encore une sœur.
Sous des tentes ou des hangars construits en taule ondulée, se tenaient des séances d’accompagnement psychosocial. Une thérapie de groupe qui devrait réunir élèves et enseignants jusqu’à la fin de la semaine afin de faciliter la reprise effective des activités académiques, probablement à compter de lundi.
Dans certaines salles de classe, on pouvait également entendre des chants évangéliques.
Transformé en "site scolaire", le lycée Alexandre Pétion abrite, outre sa gent scolaire, les élèves des écoles nationales Jean-François Cauvin et République du Panama, deux établissements sinistrés parmi tant d’autres.
En raison de la poursuite des travaux d’aménagement, le collèges Canado-Haïtien et St-Jean Evangéliste, deux écoles congréganistes, et le collège du Canapé-Vert, un établissement privé, ne sont pas encore en mesure de recommencer à fonctionner.
Chez les frères de l’Institution Saint-Louis de Gonzague, l’heure est encore aux médiations en vue de la désoccupation du site de Delmas 31-33 (nord de la capitale), pris d’assaut depuis près de trois mois par des sans-abri un tantinet arrogants.
Le frère Joseph Bellanger a confié à Radio Kiskeya que malgré la présence incommode de ces "invités", la réouverture continuait à faire l’objet d’intenses préparatifs.
Prié de faire sur nos ondes le bilan de la première journée de cette rentrée scolaire très spéciale, le directeur général du ministère de l’éducation nationale, Pierre-Michel Laguerre, s’est, pour sa part, refusé à quantifier la fréquentation des classes.
Il rappelle que pour le moment seules des activités psychosociales sont prévues dans les différents établissements de l’ouest. Les travaux académiques ne reprendront que lorsque les écoliers, en état de choc, auront atteint "l’équlibre moyen et psychologique" nécessaire à l’apprentissage.
M. Laguerre en a profité pour annoncer un reformatage des examens d’Etat en conformité avec le temps imparti pour boucler l’année scolaire prolongée jusqu’en août.
La destruction massive des bâtiments scolaires lors du séisme entraînera également une nette diminution du nombre des centres d’examen, précise le directeur général du MENFP.
Des éducateurs et syndicalistes ont critiqué la façon dont la reprise des cours a été planifié par le gouvernement "sans assez d’imagination ni de consultations avec les acteurs de l’éducation".
Selon le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), le tremblement de terre, qui a fait officiellement 230.000 morts, a aussi causé la disparition de 4.000 écoliers, 454 enseignants et la destruction de 4.200 écoles.