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Vendredi 19 avril 2024 00:13 (Paris)

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René Préval : « Oui nous allons nous relever ! »

Dans une interview à RFI, le président haïtien René Préval a rendu hommage à l’aide internationale apportée à son pays même s’il reconnaît qu’il faut davantage de coordination pour faciliter l’acheminement des secours aux sinistrés. L’Etat haïtien recommence tant bien que mal à fonctionner, et le président Préval affirme qu’Haïti, durement éprouvé ces dernières années par les cataclysmes, a la capacité de se reconstruire avec l’aide de la communauté internationale.

Par Philippe Bolopion

Philippe Bolopion, envoyé spécial de RFI à Port-au-Prince : Monsieur le président, est-ce que vous êtes inquiet ces jours-ci de la situation sécuritaire. On voit des images d’émeutes sur CNN. Est-ce que ça vous préoccupe ?

René Préval : Pour la sécurité, je crois qu’il y a deux choses à distinguer. Il y a la sécurité et il y a le maintien de l’ordre. Pour la sécurité, il faut que, de plus en plus, les jeunes comprennent qu’ils ne sont pas seuls à avoir été victimes. Ce n’est pas un quartier mais c’est toute une population qui a été victime. Si les gens comprennent l’étendue de la catastrophe, que cela a touché tout le monde, cela va créer un sentiment de solidarité. Et que chacun aide son voisin, cela va créer un sentiment de solidarité.

Deuxièmement, nous devons faire tous les efforts nécessaires pour livrer la nourriture, l’eau, à ceux qui souffrent. Nous devons faire tous les efforts nécessaires pour ne pas laisser les cadavres dans les rues parce que cela peut « énerver » les gens. Nous devons faire tout ce qui est nécessaire pour permettre aux survivants qui sont dans la rue ou sur les places publiques, de se mettre dans des abris et nous devons leur apporter la nourriture et l’eau.

Pour le maintien de l’ordre, qui est une chose différente, nous avons une police d’environ de 2 500 hommes à Port-au-Prince. Il y a 3 000 bandits qui sont sortis de la prison. Ces gens-là constituent un danger parce que, pour chaque chef de bandit, il y a 10 ou 20 autres qui vont travailler avec lui.

Deuxièmement, dans toute situation de catastrophe, il y a des gens qui profitent. Si les quartiers s’organisent pour dénoncer les bandits qui sont sortis de prison, pour mobiliser et raisonner ceux qui ont tendance au pillage, je crois que ça va aller mieux. Mais en même temps, comme cette police est faible (plusieurs commissariats se sont effondrés, plusieurs policiers ont eu leur maison effondrée, plusieurs policiers ont eu des deuils dans leur famille, des véhicules ont été endommagés), la capacité de la police a été réduite, la capacité de la Minustah (la Mission des Nations unies en Haïti) a été réduite parce que la Minustah a été également victime de cette catastrophe. Comme vous savez, leur siège est tombé, le commandement de la Minustah a été enseveli sous les décombres. C’est maintenant que la Minustah essaie de refaire sa capacité opérationnelle.

RFI : Monsieur le président, est-ce que les secours arrivent assez vite ?

RP : Les secours sont arrivés très vite. Une fois que certains pays ou certaines agences ont su qu’il y avait cette catastrophe, l’aide est arrivée. Mais ceci en même temps pose un problème parce que l’aide arrive et on n’est pas préparé à la recevoir. C’est quand l’avion arrive qu’on nous dit « mais où sont les camions pour transporter l’aide ? Où sont les dépôts pour mettre ce qui arrive ? ».

Ce qu’il y a aujourd’hui, l’aide va aller en augmentant et, ce qui est important, c’est la coordination de l’aide pour savoir qu’est-ce qu’on reçoit, dans quelle quantité, quand et comment le distribuer.

RFI : Aujourd’hui, des hélicoptères américains se sont posés devant le palais présidentiel. Il y avait des jeunes dans la rue qui ont réagi avec une certaine colère en disant que c’était presque des manières d’envahisseurs (voir vidéo). Est-ce que vous avez été heurté par la façon dont ces troupes sont arrivées ?

R P : Il y a des blessés et on cherche des endroits où les mettre. Si la pelouse du palais présidentiel peut servir à sauver des vies, je crois que les élans idéologiques doivent faire place à la charité pour nous permettre de porter secours aux blessés. Si c’est sur la pelouse du palais qu’ils doivent recevoir les soins, et bien, qu’ils reçoivent les soins sur la pelouse du palais. C’est ça qui est essentiel.

RFI : Qui est en charge de la sécurité en ce moment dans le pays ?

RP : Nous avons une collaboration avec plusieurs partenaires. Avant la catastrophe, l’armée et la police haïtienne, qui s’étaient effondrées lors des évènements de 2004, étaient en phase de restructuration. Et c’est la Minustah avec les contingents argentin, chilien, brésilien et différentes nations qui aidaient à reconstruire la police et, au fur et à mesure, la police renforçait sa capacité d’agir.

Aujourd’hui, la Minustah également a été affectée. Le secrétaire général a demandé une augmentation de l’effectif de la Minustah et les Américains ont, sous l’égide de la Minustah, tout en ne faisant pas partie de la Minustah, offert leur aide pour la reconstruction : des ingénieurs militaires, des médecins militaires et des militaires pour accompagner les convois, garder les bâtiments. Donc c’est toujours la Minustah avec la police et aidées par les Américains.

RFI : L’Etat haïtien était complètement sur les genoux au lendemain du tremblement de terre. Est-ce qu’il commence à se reconstruire ?

RP : Lorsque l’évènement est arrivé, j’ai essayé d’appeler mes ministres. Tous les téléphones étaient tombés. On a essayé de les rejoindre par voiture, toutes les rues étaient occupées. Il n’y avait pas d’électricité. Et c’est par motocyclette qu’ils ont pu me rejoindre chez moi.

Aujourd’hui, le téléphone marche mieux. Les rues sont moins encombrées. Nous avons trouvé un bureau de fortune pour fonctionner parce que le palais est tombé, les ministères sont tombés, le Parlement est tombé… Oui, l’Etat s’était effondré mais on se relève au fur et à mesure.

RFI : Est-ce que la communauté internationale a répondu à l’appel ?

RP : Je vous l’ai dit : une fois connue cette catastrophe, l’aide est arrivée immédiatement. Aujourd’hui, le problème qui se pose, c’est la coordination. Et je crois que les gens en sont conscients. C’est un élan de solidarité qui fait que l’aide venait sans coordination. Aujourd’hui, tout le monde est conscient que la coordination va nous rendre encore plus efficace.

RFI : Votre pays est incroyablement meurtri aujourd’hui. Est-ce que vous pensez qu’il va se relever ?

RP : Un pays ne meurt pas. Un peuple ne meurt pas. On traverse des difficultés. En deux ans, nous avons subi deux catastrophes historiques. C’est la première fois, l’année passée, que quatre cyclones ont frappé coup sur coup ce pays. Et il n’y a jamais eu dans la région de tremblement de terre de cette amplitude. Donc oui, nous allons nous relever et avec la prise de conscience des Haïtiens que l’on ne peut pas construire n’importe où, qu’il faut la stabilité politique pour construire dans la continuité. Et il y a aussi l’aide internationale sur laquelle il faut compter et qui, pour le moment, du moins pour la phase d’urgence, est présente. Nous espérons qu’elle sera aussi présente pour le moyen et le long terme.

RFI : Vous dites « ne pas reconstruire n’importe où ». Est-ce qu’il faut aussi reconstruire mieux, de manière plus solide ?

RP : Ecoutez, je ne suis pas un expert en construction, n’est-ce pas ? Je pense que d’abord il faut ce qu’on appelle un zoning, un plan d’occupation spatiale. Et les experts diront là où c’est plus convenable de construire. Les experts diront aussi comment construire et toute construction doit avoir une autorisation pour être réalisée. Mais avec l’instabilité politique, les coups d’Etat, etc… les gens font un petit peu ce qu’ils veulent. Donc je crois que la stabilité politique, la démocratie est la condition fondamentale du développement de ce pays.

RFI : On a vu des policiers haïtiens à la télé frapper des gens, leur tirer dessus, les livrer parfois à la foule pour des lynchages. Est-ce que c’est acceptable ?

RP : Je ne l’ai pas vu. Je ne saurais pas commenter mais si cela s’est fait, je crois que c’est à condamner.

Les Haïtiens veulent quitter l’île, les Français veulent être rapatriés

Contacts pour les familles et proches Numéro d’urgence mis en place par le ministère français des Affaires étrangères : + 33 1 45 50 34 60/ 0810 006 330

Site mis en place par la Croix Rouge internationale pour consulter la liste des disparus.

Numéro d’urgence du secrétariat d’État des États-Unis : (001)-888-407-4747




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