Frankétienne, 74 ans, écrivain, dramaturge, enseignant et peintre, a reçu avec beaucoup d’émotion la décoration de “Commandeur dans l’ordre des arts et des lettres” de la France.
« Merci à vous tous, qui avez compris que, toute ma vie, j’ai toujours été habité par deux langues et, à travers ces deux langues, que j’ai été habité par toutes les langues du monde », a déclaré le créateur du spiralisme.
« Je dis merci à vous tous, qui êtes venus célébrer la force verticale de la pensée, de la culture. C’est la seule voie, le seul atout, qui puisse vraiment nous sauver. Car, les plus grandes failles [Ndlr : en référence au tremblement de terre du 12 janvier 2010], ce ne sont pas celles qui se trouvent dans l’écorce terrestre, ce sont les failles de l’âme, de la mémoire, de l’oubli ».
De son côté, Lionel Trouillot, Prix Wepler 2009, qui a été fait “Chevalier dans l’ordre des arts et des lettres” de la France, s’est exprimé en faveur d’un processus d’inclusion, par le respect du Créole et la démocratisation du Français.
« Puisse la France nous venir en aide pour réparer l’une des plus grandes injustices commises par les élites haïtiennes : la langue française est en Haïti… le privilège d’un petit groupe social. Elle est langue de pouvoir, elle est langue d’exclusion. Il n’y a pas de raison que cela continue. Puisse la France nous aider dans le respect absolu du Créole qui est notre première langue, à démocratiser le français afin qu’elle ne serve plus à mettre des divisions et des exclusions entre nous », a lancé l’auteur de Yanvalou pour Charlie.
Le ministre français de la culture, Frédéric Mitterrand, en visite en Haïti, a fait part de la joie et de l’honneur, retirés avec la remise des distinctions de son pays aux deux hommes, Franckétienne et Lyonel Trouillot, deux figures remarquables dans la littérature haïtienne.
Frédéric Mitterrand a signé, à cette occasion, un accord de coopération pour la réhabilitation de la culture haïtienne.
« Au cours des siècles, votre culture vous a donné l’élan de l’émancipation. Aujourd’hui, plus que jamais, elle est le stimulant, le levain de la reconstruction », relève-t-il.