Mise à jour le 26 septembre
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Antilles : La soufrière sociale !

Depuis le 5 février, une grève générale secoue la Guadeloupe et semble remettre en question les fondements d’un pacte social qui n’a pas beaucoup évolué depuis le référendum de décembre 2003 sur les questions de statut et de responsabilité locale aux Antilles.

Texte proposé par EDME Roody

La vie « menteusement souriante » comme dirait Césaire, craque sous les coups de boutoir répétés de la crise économique mondiale et les vices inhérents à un dialogue social en panne pour ne pas dire inexistant.

La vie chère est le nouveau monstre qui terrasse les bourses familiales et réduit en un pot de chagrin la qualité de vie des antillais. Car la Martinique elle aussi, est entrée en rébellion contre « l’exploitation outrancière » de quelques familles de békés et les profits « indécents » des compagnies pétrolières eu égard à la hausse inconsidérée des prix de l’essence.

Le mouvement qui s’étend contagieusement à tout l’arc antillais a pris de cours les politiques toute tendance confondue. Derrière les revendications pour une hausse des salaires les plus faibles et une baisse des prix sur six cent produits de grande distribution se cache un mal profond dissimulé jusqu’ici par la perfusion financière de l’Etat providence gaulliste mis a mal par la révolution ultra-libérale de ces dernières années.

De plus, un grand sentiment d’injustice alimente cette « soufrière » sociale dont le magma se propage jusqu’à l’ile Réunionnaise. La déclaration raciste et inopportune d’un grand propriétaire béké sur l’incongruité du mélange des races qui dérangerait une certaine harmonie sociale…nous renvoie presque au « temps béni de la colonie ».

Dans une interview au quotidien le Monde, l’historienne Francoise Vergès commente : « L’outre-mer reste en France, un continent oublié…les gouvernements qui se sont succédé à Paris ont toujours favoriser l’assistanat plutôt que la responsabilisation…aujourd’hui l’emploi se concentre dans le secteur marchand qui souffre de la mondialisation et la fonction publique. »

Et madame Vergès de poursuivre « l’avenir de ces sociétés ne peut pas se penser dans une relation exclusive avec la métropole, mais doit s’inscrire dans la région ».

La mobilisation actuelle jamais vu auparavant s’articule autour d’une alliance entre les secteurs syndicaux et le mouvement culturel dans son sens le plus large, avec pour noyau un collectif contre l’exploitation, L K P, et la contestation vise à sauvegarder les intérêts des plus vulnérables, ceux qui selon le poète connaissent « les moindres recoins du pays de la souffrance » et qui sont rendus fous par le manège économique actuel.

Le quasi-naufrage du système bancaire international oblige les gouvernements à agir pour protéger la haute finance au grand dam des consommateurs qui s’estiment doublement victimes d’une crise dont ils ne sont guère responsables alors qu’ils doivent payer la lourde note de frais.

L’apport massif d’argent public dans les banques censé leur permettre de renforcer leurs ressources afin de les inciter à distribuer des crédits, si elle est nécessaire ne rassure nullement le monde du travail qui accuse certaines entreprises de révoquer à tour de bras au moindre soupçon de difficulté.

Le gouvernement français vient d’annoncer la création sans délai d’un groupe ministériel sur ces épineuses questions, et le président Sarkozy semble comprendre que la crise est éminemment politique et renvoie à la question de la diversité et de l’égalité des chances.

Pas très loin de l’archipel antillais, en Amérique du Nord, il se passe des choses qui interpellent sur le caractère progressiste de l’intégration et de la participation.

Et c’est cela aussi que semble traduire ce « gigantesque pouls sismique » dont les ondes de choc résonnent jusque dans l’Hexagone.




BÔ KAY NOU


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