Mise à jour le 26 septembre
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Au fil de sa solitude déstabilisante une adolescente gère adroitement son temps

Photo : Shaya Suli, jeune cheerleaders, lectrice assidue et dotée d’un sacré esprit créateur

« (…) Mais ce que je n’ai point écrit alors, c’est que recevoir un coup de lumière c’est aussi recevoir un coup de nuit. Et cette nuit est d’autant plus terrible que la lumière fut aveuglante. Car l’être humain est si vaste, que sans cesse il va d’un abîme à l’autre. D’un pôle de la conscience à l’autre. Je ne connais pas cette belle marche continue vers le soleil. Je ne sais que les déchirures de l’éclair et les plongés dans le noir. Mais, en dépit de tout, je sens qu’au bout il y a un grand pays où l’aube monte pour ne jamais cesser. Or, devenir conscient de ces deux pôles, c’est ce que j’appelle une naissance spirituelle. NAÎTRE c’est sentir le tragique de son être. »

Saint-John Kauss, OMBRES DU QUERCY, (poèmes), Collection dernier monde, 1981

Par Marie Flore Domond

En contactant la mère de la mineure pour avoir l’autorisation de m’entretenir avec sa fille, elle m’a confié que Shaya Suli fait preuve d’une telle indépendance et d’autonomie de sa jeune personne qu’il lui arrive de se sentir exclue de sa vie. Le jour où j’ai recueilli cette confidence, la jeune fille qui n’était pas satisfaite d’une note d’examen avait pris l’initiative d’aller discuter elle-même avec son professeur après ses cours.

Madame Betty Beauger me racontait les faits avec un réel inconfort. Elle semblait croire qu’en réalité, c’est elle qui devrait remplir ce rôle parental de son unique enfant. En voilà une des rares mamans du monde contemporain qui estime de ne pas être assez impliquée dans la vie de son adolescente pour un motif plus que raisonnable. Tandis que de nombreux parents seraient prêts à faire un pacte avec le diable, s’il le faut, pour éviter que le décrochage de leurs enfants. Que voulez-vous ! La vie est ainsi faite…

Une belle visite du Château Dufresne a précédé notre rencontre. La jeune fille était accompagnée de sa mère et une des ses amies, Sandrine Girard. Sous un ciel variable et venteux, nous nous sommes assises toutes les quatre à la cour arrière de l’imposante architecture, sise au coin du Boulevard Pie-IX et la rue Sherbrooke, pour une petite causerie.

La demoiselle Suli a entamé sa première réponse : Je prends surtout plaisir à lire plusieurs livres en même temps. En fait, je n’ai pas une préférence particulière. Ce sont des histoires en série. Le temps d’affirmer cette pensée, Shaya Suli avait sorti un ouvrage de son sac. Voila ! J’ai tendu la main pour saisir le livre. Il s’intitule : LES AVENTURES DU CERCLE, Opération typhon, tome 2, Joshua Mowll, Flammarion, roman de jeunesse, aventure 306 pages. Elle m’a laissé jeter un coup d’œil rapide sur la fiche technique en silence. Puis, elle a continué d’articuler : Je lis également LES SŒURS GRIMM. Je commence le quatrième tome. CRIME AU PAYS DES FÉES (auteur Michael Buckley, 2005, contes et légende, catégorie jeunesse, 265 pages, édition Pocket jeunesse), les tomes 5 et 6 ne sont pas encore publiés.

Sans le savoir, la jeune adolescente me faisait la transcription de son sens de l’organisation. J’ai aussi noté qu’elle possédait une bonne masse de concentration pour lire des romans volumineux. Elle a poursuivi : je suis une fille solitaire, c’est mon principal point de rattache à toutes mes lectures. Durant ma visite au Salon International du livre de Québec, j’avais déjà commencé à faire mon magasinage de livres pour la période estivale. Et ce n’est pas fini, je continue mes emplettes. Car dans une semaine débute le long congé scolaire. C’est le moment le plus propice puisque toute la famille s’en va en randonnée nautique aux Etats-Unis plusieurs fois à chaque année. Donc, j’ai amplement le temps de lire durant le trajet et au bord de la plage, sur l’île où notre bateau est accosté. L’eau est un élément qui m’incite à la lecture. C’est reposant, calme, tranquille. Je suis incapable de lire dans une ambiance bruyante. Je n’arrive pas à me concentrer pour suivre l’histoire. Je trouve que lire dans un parc est très agréable aussi.

Quand j’étais plus jeune, mon père m’amenait souvent à la librairie Indigo pour acheter plein de livres. Et bien qu’il soit à l’extérieur du pays à présent, je garde toujours l’habitude de m’approvisionner des ouvrages régulièrement. La plupart de mes camarades de classe et amis personnels n’ont aucun intérêt pour ce genre d’activité. Pour moi, la lecture est un moment de loisir avant tout. J’y consacre au moins deux heures par jour. J’aime lire. Cependant, je ne suis pas du genre à intervenir dans la démarche créatrice d’un auteur. Je ne me sens pas influencée au point de vouloir écrire moi-même ni de réinventer les histoires des autres. Je me contente de lire, c’est tout.

Vous avez sans doute deviné que je lui ai soumis le même questionnaire que le jeune Régutho Petit-Frère. Le seul usage abusif que je fais de l’internet a-t-elle répondu à la dernière interrogation est celle-ci, c’est d’écouter la musique. A l’école, je suis assez bonne en français. Je sais faire la différence, néanmoins, je suis consciente du vocabulaire que les jeunes utilisent pour charter. D’un sourire timide, elle a enchaîné : Si je ne fais pas comme tout le monde, c’est certain que je vais désintéresser celui avec qui je communique

Autre que son activité parascolaire de cheerleaders, Shaya Suli conçue d’une union de mère d’origine haïtienne et de père Hongrois en a profité pour me dévoiler ses habiletés en art visuel. Elle aspire à être à la fois modiste et styliste. Elle avoue que déjà, ses proches parentes lui demande son avis en matière d’agencement de leurs vêtements lorsqu’ elles se préparent à sortir, sa mère y comprise. Et quand je lui ai fait remarqué qu’elle paraissait une jeune fille bien trop réservée pour se lancer dans ce domaine où l’audace règne en maître, voici sa réponse : « Avec le temps, je finirai par vaincre ma timidité pour pouvoir imposer l’agencement de mes créations. Je projette une carrière internationale dans le domaine de la mode. Je vise l’Europe en particulier. Au Canada, il n’y a pas beaucoup de gens qui font attention à leur tenue vestimentaire. Les gens s’habillent n’importe comment.

Quelques pièces picturales en Art plastique de Shaya Suli- collection 2008

Récolte printanière

la source de l’arc-en-ciel

Énergies atmosphériques

Le jardin aquatique des reptiles

Shaya Suli : le dragon fantaisiste

Calligraphie du nom de Shaya Suli

Shaya Suli m’en voudrait-elle de baptiser ses peintures ? Elle, qui a avoué avec assurance durant notre conversation : « J’aime lire. Cependant, je ne suis pas du genre à intervenir dans la démarche créatrice d’un auteur. Je ne me sens pas influencée au point de vouloir écrire moi-même ni de réinventer les histoires des autres. Je me contente de lire, c’est tout. »

Des esquisses de son élan de dessinatrice de mode et styliste




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