D’intenses tirs à l’arme automatique ont provoqué une vive panique vendredi après-midi dans le centre de Port-au-Prince où se sont produits des affrontements à coups de pierres entre des étudiants et des partisans du chef de l’Etat qui ont fait plusieurs blessés, dont un étudiant, au moment où Michel Martelly surnommé « Sweet Micky » se trouvait à la tête de plusieurs centaines de manifestants.
Les membres de la sécurité pésidentielle et des agents d’unités spécialisées de la police se sont mis à tirer en l’air et à faire usage de gaz lacrymogènes au milieu de l’agitation qui régnait au Champ de Mars à l’arrivée de M. Martelly aux abords de la faculté d’ethnologie sur fond de slogans vantant la bravoure du dirigeant haïtien. Ce dernier est visé par une enquête parlementaire concernant sa présumée nationalité américaine et italienne.
« Martelly, le pays vous appartient, montrez vos fesses comme vous voulez. Micky n’a peur de rien », scandaient notamment des individus déchaînés se trouvant dans la foule qui auraient lancé des pierres contre les locaux de la faculté, située à deux pas du Palais National.
Au moins un étudiant a été blessé, selon différents témoignages.
La croix-rouge haïtienne devait en fin d’après-midi évacuer la victime vers un centre hospitalier.
Cependant, dans la communauté étudiante, certains soutiennent que plusieurs autres blessés, y compris des passants, ont été admis à l’hôpital.
Des dégâts matériels ont été également constatés. Dans la cour même de la faculté d’ethnologie les pare-brise d’au moins six véhicules, dont celui du professeur John Picard Byron, ont volé en éclats.
Des impacts de balle étaient aussi visibles sur plusieurs voitures.
Des étudiants ont, d’autre part, accusé le Président Martelly d’avoir tenté de pénétrer de force dans l’enceinte de l’établissement où se tenait un colloque international sur la reconstruction et l’identité avec la participation d’universitaires haïtiens et étrangers. Certains des invités n’ont pu sortir que grâce à l’intervention de la croix-rouge.
Parmi les pro-Martelly, on reconnaissait des sinistrés du séisme de 2010 encore sous les tentes du Champ de Mars
Accompagné de son épouse, Sophia Saint-Rémy, le dos collé au mur de clôture de l’institution universitaire, celui qui dirige le pays depuis huit mois a observé une pause de quelques minutes avant de reprendre son fameux rallye.
Les protagonistes de ces graves incidents se sont accusés mutuellement avant l’arrivée sur les lieux du commissaire du gouvernement de Port-au-Prince, Jean Renel Sénatus, venu recueillir des informations en vue de mettre l’action publique en mouvement contre les coupables.
Hostile à toute coopération avec le Sénat qui pourrait permettre de vérifier sa nationalité, le chef de l’Etat avait pris en milieu de journée la tête d’une manifestation en parcourant à pied le trajet Pétion-Ville/centre-ville (environ huit kilomètres) après avoir reçu le serment constitutionnel de quatre nouveaux juges nommés à la Cour de cassation.
Cette manifestation imprévue et rare a été à l’origine d’embouteillages monstres dans plusieurs secteurs de la capitale.
Radio Kiskeya