Mise à jour le Février 2022
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Mardi 19 mars 2024 07:45 (Paris)

La Saline : un an déjà, l’enquête judiciaire dans l’impasse

Les 13 et 14 novembre 2018, cinq gangs armés, se disputant le contrôle du quartier défavorisé de La Saline, ont mené une attaque planifiée contre les résidents. Ils ont tué hommes, femmes et enfants, ensuite brûlé leur corps et abandonné leurs restes dans des immondices qui grouillent de pourceaux. Ces crimes ont suscité l’effroi de la société. Les organisations de défense des droits humains et même l’ONU ont publié des rapports accablants sur une possible complicité entre les gangs et l’État. Jusqu’ici, les autorités n’ont offert aucun accompagnement aux victimes.

La désolation se lit encore sur le visage des proches des personnes tuées, violées ou portées disparues. Ces derniers réclament justice et réparation. Ils disent n’avoir rien reçu des autorités en termes d’accompagnement malgré leur souffrance et le fait d’avoir été pourchassés par les gangs. Le comité des victimes de La Saline a organisé, mercredi 13 novembre 2019, une cérémonie à la mémoire des victimes d’exécutions sommaires, d’actes de violence et de viol collectif. Cette organisation a voulu marquer cette date en rendant hommage aux victimes et en exigeant non seulement justice, mais aussi réparation.

Actuellement, le dossier La Saline est entre les mains du juge d’instruction Chavannes Étienne. Il a déjà posé des actes d’instruction mais n’a pas encore rendu son ordonnance de clôture. Alors, les familles des 71 morts et les femmes et les enfants violés sont dans l’attente de savoir quand leurs bourreaux seront derrière les barreaux. La justice est attendue au tournant. En attendant, comme dans la déclaration de La Saline publiée en décembre dernier, les familles victimes demandent aux institutions étatiques de prendre des mesures de sécurité pour éliminer l’emprise des gangs, permettre le retour à la vie dans le quartier, la reconstruction et la réhabilitation des maisons détruites ou endommagées ainsi qu’un accompagnement économique aux victimes.

En juillet 2019, La Saline a compté 20 nouveaux morts, 2 disparus et 6 blessés par balle. Le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH), qui a documenté les évènements sanglants de La Saline, était présent à cette cérémonie pour accompagner, précise-t-il, les victimes et faire pression sur les autorités judiciaires pour qu’elles bouclent l’enquête sur le dossier. L’organisme de défense des droits humains, qui a toujours qualifié le massacre du 13 au 14 novembre 2018 de « massacre d’État », continue de dénoncer la « protection des bandits armés par des officiels » et la dégradation de la situation générale des droits humains dans le pays, caractérisée par une insécurité grandissante.

Le directeur exécutif de l’institution, Pierre Espérance, estime que l’État n’a pas protégé les gens au moment des exactions. De son côté, la justice peine aujourd’hui à condamner les coupables de ces crimes. Il affirme que le juge d’instruction a fait fi de tous les rapports des organismes de droits humains et de la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) car les les auteurs et co-auteurs de ce massacre comme Fednel Monchéry, Pierre Richard Duplan et Jimmy Chérizier, alias Barbecue, sont toujours en liberté. Cet ancien policier de l’UDMO, selon Pierre Espérance, est depuis 2017 impliqué dans cinq massacres, dont les attaques armées perpétrées au Bel-Air le 6 novembre 2019.

Outre le RNDDH, des petrochallengers de la structure Nou p’ap dòmi ont apporté leur solidarité aux familles des victimes de massacre de La Saline. A travers une activité culturelle, des jeunes de ce quartier défavorisé ont exprimé leur talent par la danse entre autres. Les petrochallngers ont une nouvelle fois promis de lutter contre la corruption et l’impunité pour une meilleure justice sociale.

Dans le rapport sur l’attaque des gangs contre les résidents du quartier de La Saline le 13 et 14 novembre, la Mission des Nations unies pour l’appui à la justice en Haïti (MINUJUSTH) et le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH) avaient recommandé au gouvernement de mener des enquêtes approfondies sur les actes de violence commis par les gangs et la complicité présumée de représentants de l’État et d’agents de la PNH et de rendre les conclusions de ces enquêtes publiques. L’ONU avait en outre demandé au pouvoir en place de s’assurer que les personnes présumées responsables de ces violences, y compris celles exerçant ou ayant exercé des positions publiques, soient promptement traduites en justice conformément aux normes internationales en matière de procès équitable.

Ricardo Lambert




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