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Mardi 19 mars 2024 03:20 (Paris)

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Jean-Robert Bellarmin

Un versatile personnage et un homme de croyance

par Marie Flore DOMOND

Jean Robert Bellarmin : Le prédicateur laïque

De son vivant, le Pape Jean-Paul II fut un grand acteur. Talent qu’il a prouvé jusqu’à son dernier souffle en connaissant une fin spectaculaire. Or, il m’importe de faire des liens fascinants, établir des relations lointaines, rapprocher des cas similaires. J’ai donc retracé un autre modèle de contraste en la personne Jean-Robert Bellarmin : celui qui sait très bien jouer sur le tableau de la vie chrétienne autant sur la scène théâtrale.  En premier lieu, nous allons aborder les diverses facettes en matière de la profession du comédien avant d’entamer l’aspect sacré de l’homme d’Église qu’il également.

Le public vous reconnaît surtout comme animateur, acteur, diseur. Pourquoi endossez-vous la paternité de la création de presque toutes vos pièces de théâtres mais pas le statut de dramaturge ? Quel autre qualificatif pourrait-on attribuer à cette action de plumitif ?

C’est un bien grand mot à mon avis. Je ne peux pas me permettre un tel attribut. Car je ne crois pas que je sois rendu véritablement au cercle des dramaturges. Pour sûr, l’écrivain, Gary Klang me surnomme le « Sketheur ».

Entre le monde théâtral et celui de la cinématographie quel est votre élément de prédilection ?

Naturellement, le théâtre parce que j’ai l’impression que le contact est plus direct, la réaction du public est immédiate. Alors que pour le cinéma la réalité peut être facilement être arrangée.

Quel est le rôle que vous avez joué au cinéma ou au théâtre dont vous êtes le plus fie ?

Au théâtre, c’est la pièce Braseros. Le personnage n’était pourtant pas prestigieux, mais j’ai bien aimé ma performance. Au cinéma, j’ai interprété un personnage macho, un peu agressif dans le film : GADE LANMOU du réalisateur Germain Gervais.

N’était-ce pas une pièce de théâtre ?

Justement, elle a été adaptée. Le film est à l’étape du montage présentement. Il y a aussi LE POIDS DES BOTTES, un film d’un autre réalisateur, Fayolle Jean où j’ai campé un notable personnage dans un petit village. Ce protagoniste était en quelque sorte un rebelle pacifique mais assez influent pour mettre les bâtons dans les roues du personnage principal.

Jusqu’ici, je vous ai vu joué « l’homme rose » qui est à la limite irresponsable qui n’inspire rien de violent. Fermez-vous les yeux sur cet aspect tragique de la vie de couple ou êtes-vous pacifique à ce point ?

Le sujet de la violence conjugale fait partie de mes projets de personnages. Et dans un futur immédiat, je compte le traiter. J’ai en tête d’adapter une pièce française qui s’intitule : LES VALISES. Mon titre à moi sera : ABRAHAM DIT C’EST ASSEZ.

J’ai constaté en vous une grande force de l’humour romantique plutôt qu’un comique dramatique. Disons que vous ne manipulez pas trop le côté cynique de la vie. Pourquoi selon vous la thématique de la politique haïtienne est si récurrente dans les projets de créations des artisans artistiques alors qu’ils oeuvrent au sein de la société d’accueil ?

Pour le groupe Duo Tac, mon but précis est de faire rire à la limite réfléchir. Je n’avais pas la prétention de façonner le genre dramatique. Malgré tout, je trouve que le jeu a pris quand même de l’ampleur. Et Pour répondre au second volet de la question, je pense que se sont les séquelles des 29 ans de dictature que les citoyens ont vécu qui reflètent cette écriture engagée. Je me souviens, il y a quelques années, une rumeur circulait à l’effet que les agents doubles pouvaient à tout moment s’infiltrer parmi les spectateurs pour prendre les photos des comédiens. C’est pour vous donner une idée de l’hantise des gens.

Sur votre feuille de route figure la note explicative stipulant que vous avez choisi la voix de l’expression créole pour pouvoir gagner l’attention du public. Ne croyez-vous pas que vous allez à contre courant, puisque beaucoup de compatriotes ne veulent pas s’associer nécessairement à la cause de la créolité par le fonctionnement de leur mentalité ?

Plus précisément, je crois avoir dit un plus large auditoire. Car je suis conscient que les gens qui ne maîtrisent pas tout à fait le français pourraient se pencher du côté de l’expression créole.

Quelles sont les difficultés auxquelles vous vous heurtez le plus souvent dans votre métier de comédien ? Après quinze ans de courtisanerie du public haïtien, êtes-vous prêt à faire un bilan ? La voie que vous prenez ne vous condamne t-elle pas à desservir seulement la communauté haïtienne ?

A un certain moment donné, je faisais partie d’une troupe de théâtre et à plusieurs reprises, on me changeait de rôle sans préavis. Je me sentais victime d’un certain opportunisme des dirigeants de la troupe. Alors, j’ai pensé qu’avoir mon autonomie était la meilleure solution. C’est ainsi que j’ai formé le groupe Duo Tac.

A niveau de l’animation à la radio, votre outil de communication est surtout le créole. Pensez-vous qu’avec le cota restrictif et règlementaire imposé par le CRTC à l’égard de l’action communautaire des communautés visibles est appelé à une révision dans un avenir rapproché ?

J’ai compris la situation et j’ai passé un message clair dans le sketch LANG PA NOU. Si les haïtiens se mobilisent pour faire pression sur les paliers de gouvernement, ils n’auront pas d’autre choix que de se plier. C’est aux créolophones d’agir en ce sens.  

Jean-Robert Bellarmin : Personnages multiples mais indivisibles de la conviction chrétienne

Jolibois dans l’interprétation de Tonton Sam

Un monologue de Franklin Ulrysse

Dans un tout autre ordre d’idée, vous êtes prédicateur de l’Église Anglicane. Comment conciliez-vous vos activités mondaines à celle de votre mission pastorale ?

Je suis un prédicateur laïque cela signifie que l’Évêque m’a autorisé cet exercice dans une Église anglicane du diocèse de Montréal. En m’engageant à connaître la doctrine c’est-à-dire l’histoire de l’Église anglicane, son fondement, l’Évêque me fournit un permis pour un an. Par la suite, il est renouvelable au trois ans. Contrairement â un prêtre qui a étudié la théologie, moi, je fais office de prédicateur laïc en ayant une formation de la doctrine de l’église mais également une formation en tout ce qui attrait à l’enseignement de la bible. Notre mot d’ordre est : L’UNITÉ DANS LA DIVERSITÉ.

Considérez-vous le métier de comédien comme également une voix de missionnaire ou un pas de visionnaire ?

Selon moi, tous les acteurs, les comédiens ont une mission. Le mien est de réveiller la conscience collective. Certains écrivains sont de visionnaires. J’ai déjà fait du théâtre religieux en jouant des pièces à caractère biblique.

Les parents chrétiens sont sous le choc de la mutation religieuse de leurs progénitures. Leur approche vis-à-vis du concept de la croyance est très divergente et crée des ondes de tensions générationnelle. D’après vous, quelles sont les causes fondamentales de leurs mésententes ? Comment voyez-vous un dénouement heureux à ce genre de conflit ?

Personne ne peut ignorer le problème. La raison de cette divergence c’est que la plus part des parents refusent d’évoluer avec le temps. Comme parent, je me dois de m’ouvrir à la conception nouvelle de mes enfants. C’est sûr qu’un parent qui se montre trop conservateur dans ces principes religieux en imposant une ligne de conduite spirituel à sa progéniture fait fausse route. On ne peut pas espérer l’harmonie entre les générations sans préalablement savoir dialoguer afin de pouvoir se comprendre.

Selon les chrétiens, les saintes écritures interdisent l’endoctrinement. Or, beaucoup d’entre eux pratique dans l’aveuglément de leur religion. Cette situation les mette dos à dos avec les autres secteurs religieux. N’est-ce pas aussi une forme grave de la dépendance ?

L’attitude du lavage de cerveau des fidèles porte à réfléchir sérieusement. A mon avis, l’Église perd de plus en plus de sa raison d’évangéliser. Avant tout se basait sur le principe de ramener les brebis perdues à présent, la plupart applique la formule PAM PI BON. On trop tendance à commercialiser les choses.




BÔ KAY NOU


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