Le leader de l’Alliance Nationale Démocratique (sigle anglais DNA), Branville McCartney, a déclaré vendredi que l’invitation à M. Martelly était politiquement motivée.
Lors d’un meeting avec environ 6.000 bahamiens d’origine haïtienne à « Joe Farrington Road », le président haïtien avait souhaité qu’ils s’unissent et votent en toute conscience en faveur du parti qui défend le mieux leurs intérêts.
L’opposition au gouvernement des Bahamas considère aussi que le président Martelly a porté atteinte à la clause de leur Constitution prévoyant que les enfants de non-bahamiens ne peuvent pas appliquer pour la citoyenneté avant 18 ans. « Nous appelons à la démission immédiate du premier ministre Hubert Ingraham en raison du fait qu’il a honteusement déshonoré notre nation, son autorité et ses idéaux », a déclaré M. McCartney lors d’une conférence de presse vendredi dernier au siège du DNA.
« Il doit tirer la révérence après avoir porté atteinte à sa citoyenneté en plaçant les intérêts d’un autre pays au-dessus de ceux de son propre pays », a ajouté le responsable politique, relayant des appréhensions exprimées par des citoyens relatives au risque du contrôle des Bahamas par des bahamiens d’origine haïtienne compte tenu de leur poids électoral de plus en plus important.
McCartney fait état de nombreux appels téléphoniques et de courriels qu’il affirme avoir reçus dans lesquels des bahamiens expriment leur indignation des propos de M. Martelly.
Il s’en est pris par ailleurs au leader du Progressive Liberal Party (PLP), Perry Christie, dont il juge coupable la passivité vis-à-vis de la matière en discussion. McCartney en dénonce en ce sens des propos tenus l’année dernière par Christie critiquant l’hésitation des gouvernements successifs des Bahamas par rapport à la résolution définitive du dossier des immigrants illégaux haïtiens et des bahamiens d’origine haïtienne de peur qu’ils ne deviennent une puissante force électorale.
Dans une interview accordée jeudi au Nassau Guardian en son nom personnel et non en celui du parti au pouvoir, le Free National Movement (FNM), dont il est le président, Carl Bethel a tout de même fait part du choc qu’il a reçu en entendant les propos de M. Martelly.
« Des non-bahamiens ne peuvent dicter ce qui doit être fait aux Bahamas, qu’ils visitent ou résident au pays », a-t-il déclaré, tout en soulignant que ses propos ne concernent pas forcément le président haïtien.
Rejetant les allégations selon lesquelles le FNM a planifié la visite de M. Martelly dans le but de bénéficier du vote des bahamiens d’origine haïtienne, Carl Bethel déclare que son parti est prioritairement concerné par les Bahamas.
L’Ambassade d’Haïti à Nassau et le coordonnateur de l’Association haitiano-bahamiens unis, Michael Telairin, ont également rejeté de façon formelle les allégations selon lesquelles le président Martelly ait fait ingérence dans les affaires internes des Bahamas. Soulignant que les propos de M. Martelly ont été mésinterprétés, ils précisent que ce dernier s’est limité à conseiller aux bahamiens d’origine haïtienne de s’unir et de voter selon leur conscience en faveur du parti qui saura défendre leurs intérêts.
Hubert Alexander Ingraham (1947) est l’actuel premier ministre des Bahamas. Il a occupé ce poste de 1992 à 2002, puis de nouveau depuis mai 2007. Il représente le Parti du Mouvement Libre National (Free National Movement Party), de centre-droit, qui a remporté les élections de mai 2007. Il est également député de la circonscription d’Abaco-Nord, aux Bahamas.
Radio Kiskeya